Au lendemain d’une offensive terrestre d’envergure de l’armée syrienne, les combats se poursuivent à Alep, notamment dans le quartier Salaheddine tenu par l’ASL. Des bombardements intensifs y ont lieu. Par ailleurs, l’Iran, fidèle allié de Damas, réunit ce jeudi 9 août une conférence sur la Syrie. Et le président al-Assad a nommé un nouveau premier ministre.
Le président syrien a nommé le ministre de la santé, Wael al Halki au poste de premier ministre. Il remplace Omar ghalawanji, qui assurait l’intérim après la défection de Ryad Hidjab, annoncée lundi 6 août. Le nouveau chef du gouvernement est originaire de la province de Deraa dans le sud, berceau de la contestation contre le régime de Bachar al Assad. Un signe, sans doute, que le président considère toujours les rebelles et opposants à son régime, comme des « terroristes ».
Sur le terrain, la bataille fait rage entre les troupes syriennes et les rebelles pour le contrôle d’Alep, la deuxième ville de Syrie, des informations contradictoires circulant sur l’évolution des combats. Les rebelles se sont totalement retirés jeudi du quartier emblématique de Salaheddine à la suite d’un bombardement d’une violence inouïe de l’armée syrienne, a affirmé jeudi à l’AFP le porte-parole commandement de l’Armée syrienne libre (ASL). « L’ASL a effectué un retrait tactique de Salaheddine en raison de la violence des bombardements et des destructions. Ce retrait ne signifie pas que nous allons quitter Alep. Nous avons nos plans militaires pour combattre dans la ville mais, bien sûr, nous n’allons pas les révéler », a indiqué le colonel Qassem Saad Eddine, joint par Skype.
Depuis le matin, l’armée régulière bombardait plusieurs quartiers d’Alep, poumon économique du pays où des combats ont lieu depuis vingt jours. Cette ville constitue un enjeu crucial pour la suite de la révolte, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Concernant la situation des chrétiens de Syrie, le nonce apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari, souligne ne pas encore constater de violence particulière contre les ceux-ci dans le pays, rapporte Radio Vatican. Mgr Zenari signale, qu’à l’heure actuelle, « la souffrance des chrétiens est la même que celle des autres syriens ». Il n’y a pas eu d’assassinats de chrétiens pour des motifs religieux, pas d’attaques non plus contre les églises, qui restent ouvertes. « Les messes sont célébrées et les activités pastorales n’ont pas été réduites ». Le nonce apostolique confirme tout de même que le pays est en proie au chaos et que les gens ont peur de sortir de chez eux. Interrogé à propos de l’attaque contre le monastère de Mar Moussa, il a précisé que les auteurs étaient un groupe de bandits venus pour piller. Des structures ont été endommagées et de nombreux objets volés dans l’assaut qui n’a fait aucun blessé.
Par ailleurs, une « rencontre consultative » sur la Syrie est organisée jeudi à Téhéran par les autorités iraniennes, fidèles alliées du président syrien Bachar al-Assad. Ils ont indiqué attendre une douzaine de pays ayant « une position réaliste » sur la crise, sans en dire davantage. La télévision iranienne a montré des images d’une trentaine de diplomates venus de Russie, d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan venus à cette conférence, ouverte par le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salehi. Damas n’a pas indiqué s’il comptait y envoyer des représentants. Le Liban a déjà fait savoir qu’il n’y participerait pas en respect de sa « neutralité » dans le conflit. Pas plus que Kofi Annan, le médiateur démissionnaire de l’ONU et la Ligue arabe. Le ministre des affaires étrangères Ali Akbar Salehi avait indiqué auparavant que Téhéran tentait de raviver le plan de paix de Kofi Annan. « Notre principal argument est le rejet de la violence et la tenue d’un dialogue national» , avait-il dit, en soulignant que «la volonté de l’Iran est la fin de la violence le plus rapidement possible en Syrie » .
Téhéran a, par ailleurs, demandé la « coopération » du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour obtenir la libération des 48 ressortissants iraniens enlevés samedi 4 août par l’Armée syrienne libre dans la région de Damas. Alors que les ravisseurs accusent ces Iraniens d’être des Gardiens de la révolution, corps d’élite du régime islamique, Téhéran, qui assure de son côté qu’ils sont des pèlerins, a néanmoins précisé qu’un certain nombre d’entre eux étaient des « retraités des Gardiens de la révolution et de l’armée ».
JJD (avec La Croix)
© Photos : La Croix.com