Le nord du Brésil est en plein bouleversement : l’économie connaît une croissance fulgurante, ce qui favorise une exploitation outrancière des ressources naturelles et fait émerger des conflits sociaux. L’Église se trouve confrontée à d’énormes défis.
Après avoir passé près de quatre semaines dans le territoire d’Amazonie, Ulrich Kny, responsable de l’Amérique latine auprès de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en détresse (AED), a attiré l’attention sur le phénomène : « Un grave problème est par exemple l’exode rural. Près de trois quarts de la population amazonienne vit aujourd’hui dans les grandes villes. Les populations sont déracinées et ne bénéficient d’aucun soutien, même pas de la part de l’Église ».
M. Kny, qui a participé à une rencontre de 33 évêques de la région, estime que l’expansion économique a des conséquences alarmantes. « Il y a des conflits sociaux très forts, des batailles portant sur l’appropriation des terres, une violence extrême, de la prostitution et du trafic d’êtres humains. S’ajoutent une consommation de stupéfiants largement répandue et la montée du nombre de sectes ». Le responsable de l’AED rapporte que, dans la périphérie des grandes villes, comme à Manaus, sur le Rio Negro, ou dans l’agglomération de Belém, dans l’estuaire de l’Amazone, on voit naître d’immenses quartiers neufs planifiés, mais aussi des colonies sauvages. Dans les zones inondables, des milliers de personnes vivent dans de misérables habitations sur pilotis. Dans la plupart des cas, les populations sont livrées à elles-mêmes. « Les évêques sont confrontés à d’énormes problèmes pastoraux. Ils veulent annoncer la parole de Dieu aux populations, leur offrir l’Eucharistie et renforcer l’aide aux familles et aux jeunes, mais les prêtres, les catéchistes, les moyens de transports et les églises font cruellement défaut », dit-il.
Pour l’Église, il est presque impossible de suivre le rythme de la croissance. Un exemple parmi beaucoup d’autres : le nombre d’habitants de Castanhal, ville portuaire située à l’est de Belém, va quasiment doubler en l’espace de quelques mois. Deux nouveaux ports et 16 nouveaux quartiers destinés à plus de 110.000 personnes sont en cours de construction. Afin d’encadrer les fidèles, il est prévu de construire des églises, au moins dans six quartiers de la ville. Pour cela, le diocèse de Castanhal est tributaire de la solidarité de l’extérieur. Aide à l’Église en détresse vient d’être sollicitée pour une aide financière destinée à la construction de deux églises. L’année dernière, cette œuvre internationale, qui se finance uniquement à partir de dons de particuliers, a subventionné 270 projets au Brésil pour un total de 3,6 millions d’euros.
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