Depuis le commencement du heurt ethnique opposant colons musulmans et résidents tribaux chrétiens Bodos dans l’État de l’Assam, 38 personnes ont trouvé la mort et plus de 170.000 habitants ont fui la région. L’armée indienne a été déployée ce 25 juillet pour contrer les violences dans l’Etat de cette région du nord-est de l’Inde.
La situation qui prévaut dans l’État de l’Assam est grave comme en témoignent plusieurs signes : bureaux et écoles fermés, maisons en flammes et rues désertes. À l’origine des affrontements, des hommes armés responsables, le vendredi 20 juillet, de la mort de quatre jeunes membres de l’ethnie Bodo, première communauté tribale de la région. Par mesure de représailles, des membres de cette ethnie Bodo ont attaqué des musulmans, soupçonnés d’être à l’origine des assassinats. Quatre quartiers de la zone sud de l’État sont depuis le théâtre de sanglantes violences.
Pour palier l’impuissance de l’administration de cet État, l’armée nationale indienne a été déployée dans la région ce mercredi 25 juillet. Il faut dire que cette région est complexe dans la mesure où les cohabitations ethniques y sont historiquement difficiles. En effet, une cinquantaine d’ethnies cohabitent en Assam et cette grande diversité ethnolinguistique conduit à un morcellement en petites zones indépendantes et autonomes. Chacun des groupes ethniques cherche à élargir son « territoire national » en grignotant les zones non attribuées.
Purification ethnique
Majoritairement hindouistes, mais aussi entre autres chrétiens, les Bodos, peuple vivant dans la région depuis des temps immémoriaux, constituent la première communauté tribale en Assam. Les tensions se sont intensifiées ces dernières années, avec l’arrivée d’immigrés musulmans venus du Bangladesh, pays voisin au sud. L’Assam compte aussi une bonne vingtaine de groupes de militants armés qui ont recours à la purification ethnique et à qui le gouvernement central de l’Inde accorde une quasi-immunité.
Dans cette région pauvre, le problème interethnique est exacerbé par des disparités dans la répartition des terres cultivées et ce qu’elles produisent : notamment le bois, le thé et le pétrole. Les conflits qui en résultent ont conduit à la mort les quatre jeunes Bodos. Depuis, des Bodos attaquent des colons musulmans, qu’ils tiennent pour responsables. Résultat : 38 morts et de nombreux blessés ont été recensés jusqu’à présent.
Le trouble s’est rapidement répandu dans toute la région, obligeant plus de 170.000 habitants à fuir leur logement. Dans cette zone géographiquement isolée du reste du territoire indien, la population se rue vers les trains pour tenter de quitter les quartiers où les affrontements font rage. Les services de transports sont dépassés : 30.000 passagers sont restés bloqués dans les gares et les trains, et 10.000 personnes errent toujours sur les voies.
Avec La Croix