Oswaldo Payá Sardinas, président du Mouvement Chrétien de Libération (MCL) de Cuba est décédé dans un accident de voiture dimanche dans l’île de Cuba. Cet opposant au régime de Fidel Castro était l’un des principaux initiateurs du "Projet Varela", un processus de changement pacifique et démocratique à travers le cadre légal existant à Cuba. Lors de ses funérailles, ce mardi 24 juillet, plusieurs dizaines d'opposants cubains, dont Guillermo Fariñas, prix Sakharov 2010 du Parlement européen, ont été arrêtés.
Selon les autorités cubaines, Oswaldo Paya est mort dans l'accident d'une voiture de location qui est sortie de la route et a heurté un arbre dimanche en début d'après-midi à une vingtaine de kilomètres de Bayamo, à 750 kilomètres de La Havane. La famille du défunt a réclamé l’ouverture d’une "enquête transparente" sur cet accident, indiquant qu’Oswaldo avait reçu de nombreuses menaces de mort et assurant que l'accident de voiture dont il a été victime avait été « provoqué » par un autre véhicule.
La nouvelle du drame a plongé dans le désarroi les militants des droits de l’homme cubains. Elizardo Sanchez, de la Commission cubaine des Droits de l’Homme et pour la réconciliation nationale, a ainsi qualifié la mort d’Oswaldo Payá Sardinas de « tragédie énorme pour sa famille et de perte irréparable pour le mouvement pro-démocratie ».
De son côté, le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, a indiqué dans son message de condoléances, que « Oswaldo Payá Sardinas était une personne honnête, un père de famille exemplaire, un catholique intègre, un bon Cubain et un politique qui a invariablement agi en accord avec sa conscience et su, en toute circonstance, conserver son autonomie ». De même, le Saint-Siège a envoyé, au nom du Pape, un télégramme de condoléances à l’archevêque de La Havane. Benoît XVI demande à Dieu "d’accorder réconfort et courage à ceux qui pleurent en ces heures de tristesse une perte irréparable". Le pape fait part de sa proximité spirituelle avec la famille d’Oswaldo Paya et celle d’Harold Cepero, un opposant tué dans le même accident. Il invoque la protection de Notre Dame de la Charité du Cobre.
Vague d’arrestations lors des obsèques
Ce mardi 24 juillet, des dizaines de militants des droits de l’’homme venus assister aux obsèques ont été arrêtés. Parmi eux, Guillermo Fariñas, prix Sakharov 2010 du Parlement européen . Célèbre pour ses nombreuses grèves de la faim, il a été interpellé par des policiers en civil alors que des centaines d'opposants s'étaient réunis dans le quartier du Cerro à La Havane pour les funérailles d'Oswaldo Paya. Une cinquantaine d'autres militants ont également été interpellés par l'important dispositif policier déployé à l'occasion des obsèques d'Oswaldo Paya, alors qu'ils commençaient à lancer des slogans contre le régime communiste cubain, vêtus de tee-shirts à l'effigie du défunt. Quelque 200 personnes s'étaient réunies pour assister aux funérailles à l'église du Divin Sauveur, avant de se rendre au cimetière de Colon, dans le centre de la capitale où il a été inhumé sans autre incident.
M. Paya était le coordinateur général du Mouvement Chrétien de Libération (MCL). Il avait reçu, en 2002, le prix Sakharov décerné par le parlement Européen, pour son action dans le domaine des droits de l’homme. Cette année là, il avait renforcé sa notoriété internationale en présentant, devant le parlement cubain, son Projet Varela appuyé par une pétition signée par plus de 11.000 citoyens. Le projet Varela tirait son nom du prêtre catholique, philosophe, politique et journaliste Félix Varela y Morales, un des penseurs de l’indépendantisme cubain du XIXe siècle. Le projet demandait l’organisation d’un référendum pour la liberté d’expression et d’association, une nouvelle loi électorale et une amnistie pour tous les prisonniers politiques. Créée en septembre 1988, le MCL est principalement connu pour la promotion de ce Projet Varela. En 24 ans d’existence, de nombreux membres ont été emprisonnés par le régime communiste cubain, en particulier lors de la vague de répression en 2003. Les fondateurs de l’organisation ont toujours affirmé que, même face à l’adversité, ils continueraient à développer une stratégie « de promotion d’un changement fait par et pour les cubains et centré sur la personne humaine ». Une philosophie que le MCL assure puiser dans « une vision d’un monde démocrate, chrétien et de justice social e ».
Avec APIC et RTBF.be