Edito de Pascal André dans le Dimanche Express N°24 :
Le sommet de Rio+20 n'était pas encore terminé que s'exprimaient déjà colère et déception dans les rangs de la société civile. Les négociations préparatoires, il est vrai, ne laissaient rien présager de bon. Et de fait, il n'est sorti aucune décision majeure de cette assemblée. Au mieux, des promesses brumeuses et des déclarations si générales qu'elles en deviennent stratosphériques. Rien, en tout cas, qui permette d'infléchir les tendances économiques, environnementales et sociales. Bien sûr, me direz-vous, on ne change pas le monde avec des documents, mais par des actes. N'empêche: face à la gravité de la situation, on aurait souhaité une prise de conscience plus affirmée de la part de nos dirigeants, davantage d'ambition et surtout des engagements clairs, chiffrés et contraignants.
À qui la faute? Aux pays pauvres et émergents qui redoutent des mesures pouvant entraver leur développement? Aux pays riches qui refusent de remettre en question leur modèle économique? À la crise qui aurait relégué au second plan les préoccupations écologiques? Un peu tout cela sans doute, mais il ne faut pas sous-estimer notre propre insouciance, notre trop faible intérêt pour l'avenir de la planète. "Après nous, les mouches", pensons-nous d'ailleurs parfois par dépit, oubliant que ce sont nos propres enfants qui auront, un jour, à vivre dans ce monde toujours plus inhospitalier. Tout se passe effectivement comme si nous acceptions notre impuissance à gérer le futur de manière raisonnable. Nous désirons le meilleur, mais nous nous soumettons à la fatalité du pire. Une attitude qui pourrait bien causer notre perte… définitivement.
Le plus inquiétant, c'est que, depuis l'échec du sommet de Copenhague, plus personne ne croit efficace, ni même utile, ce type de conférence internationale, avec tapis rouges, limousines et discours ronflants. Les citoyens s'en désintéressent, les médias regardent ailleurs et même les chefs d'État n'y vont pas, ou juste le temps de la photo. Il est pourtant impossible de sauver la planète sans passer par des lieux de décision de cette envergure. Ce n'est que tous ensemble, unis par un même désir de donner un avenir à nos enfants, que nous pourrons infléchir le cours des choses. Encore faut-il que nous soyons nous-mêmes convaincus de l'urgence de la situation et que nous nous mobilisions, sans quoi nos élus continueront de jouer l'autruche et de tergiverser, là où il faudrait entamer des réformes radicales.
Pascal ANDRÉ