Les changements récents concernant la Loi scoute et la Promesse au sein de la Fédération des Scouts Baden-Powell de Belgique suscitent le débat. L’implantation des mouvements de jeunesse reste importante dans nos villes et villages. Comment les rejoindre et faire du lien ? Voici une opinion du Vicaire épiscopal du diocèse de Liège, Baudouin Charpentier.
Certains regrettent les décisions prises par la Fédération des Scouts, d’autres estiment qu’elles témoignent de l’évolution de la société tout entière, des jeunes en particulier. Le monde change, les mentalités se transforment… Beaucoup d’animateurs adultes et jeunes éprouvent des difficultés à se situer par rapport à l’Eglise sans pour autant rejeter les « valeurs » chrétiennes.
L’enjeu est de taille pour les mouvements, qu’ils soient scouts, guides ou patros. Il n’est pas moindre pour les paroisses.
D’une part, les Unités scoutes et guides et les patros locaux ne peuvent faire l’économie de s’interroger sur les références qui doivent les guider dans l’éducation des jeunes, ce qu’ils font, souvent en interne, avec beaucoup de sérieux et d’implication. Les valeurs de leurs mouvements respectifs seront sans doute premières mais elles n’excluent pas – au contraire – de s’ouvrir et de s’enrichir d’autres Traditions religieuses ou philosophiques. Dans notre pays, la foi chrétienne a façonné les esprits, a modelé les cœurs. La référence à Jésus-Christ ne peut être passée sous silence tant elle colore aujourd’hui, de manière souterraine ou ouverte, nos modes d’agir, de prendre des décisions et de fixer des priorités pour le bien du plus grand nombre. Pour certains, la référence chrétienne ne respecte pas la liberté des jeunes, mais l’inverse ne serait-il pas aussi vrai : priver les jeunes de ce lien avec le message chrétien ne serait-il pas tout aussi regrettable ? A moins que l’on ne considère la référence chrétienne comme relevant uniquement de la sphère privée de l’individu ?
La référence chrétienne est tout sauf un repli : elle force l’ouverture à tous, le dialogue avec les autres religions, l’engagement pour un monde plus solidaire et respectueux de l’environnement.
D’autre part, les Communautés chrétiennes doivent se réjouir de la présence des mouvements et de ce qui s’y vit en termes d’éducation des jeunes. Sans doute les mouvements ont changé, le lien à la paroisse n’est plus le même. Mais le projet des mouvements reste identique et crucial comme école de vie et de croissance des jeunes d’aujourd’hui. Il est essentiel qu’ils trouvent encore auprès des chrétiens de l’intérêt, de l’empathie et du soutien, que ce soit par la mise à disposition de locaux salubres ou pour se faire connaître auprès des familles… Les communautés auront à faire preuve de créativité pour renouer les contacts, créer des liens en participant aux fêtes patronales ou aux grands événements du mouvement local ou en invitant les responsables à venir présenter leur projet lors de réunions d’équipes paroissiales. Ensemble, ils réfléchiraient à ce qu’ils peuvent s’apporter mutuellement et à ce qui serait réalisable pour soutenir les animateurs dans une recherche de sens et un accompagnement spirituel si telle est la demande. Des collaborations intéressantes et de nouvelles synergies verraient sans doute le jour à la plus grande joie de tous.
En conclusion, il s’agit pour les communautés chrétiennes de se demander si elles sont encore capables de s’intéresser et d’accompagner la recherche spirituelle de mouvements d’éducation qui ont fait leurs preuves mais ne veulent plus être estampillés « cathos », et pour les mouvements eux-mêmes de se positionner et d’envisager comment et avec qui contribuer à la croissance globale des jeunes qui leur sont confiés, en ce comprise la croissance spirituelle.
Il se pourrait bien qu’on ait encore beaucoup de choses à partager et à vivre ensemble… Le désirons-nous ?
Diocèse de Liège