L’enseignement en crise


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L’enseignement en crise
Par Angélique Tasiaux
Publié le - Modifié le
3 min

Faisant suite à la journée d'action syndicale du 5 mai 2011, le SeGEC, Secrétariat général de l'enseignement catholique, a sondé un échantillon représentatif d'écoles dans les différents niveaux d'enseignement en tenant compte de critères géographiques.
Selon cette enquête, il ressort que 31% des professeurs étaient en grève dans l'enseignement fondamental, tandis que 36% l'étaient dans le secondaire.
Un directeur d'établissement secondaire, Stephan de Brabant, a accepté de nous livrer son témoignage. Il revient sur l'urgence de mesures politiques responsables.

Le SeGEC a sondé 125 écoles primaires, 76 du secondaire, 13 établissements de l'enseignement supérieur ainsi que 17 centres PMS, afin de déterminer dans quelle mesure le mouvement a été suivi. La surprise majeure provient du taux d'absentéisme des élèves qui a été supérieur à celui des enseignants (46% dans le fondamental et 53% dans le secondaire). Inquiétés par des messages peu rassurants la veille de la manifestation, les parents auraient-ils pris des mesures préventives pour éviter à leurs enfants une journée de garderie ? D'autre part, la grève des transports en commun a probablement plus que renforcé l'absentéisme dans les écoles.
Dans l'enseignement fondamental spécialisé, le mouvement de grève n'a que très peu perturbé le fonctionnement des établissements, tandis que, dans le secondaire spécialisé, on comptait 48% de professeurs en grève et un absentéisme des élèves de 57%... Environ 1 école sur 3 a été perturbée de façon significative dans l'enseignement fondamental et secondaire. Par perturbation significative, on entend une situation où plus de 25% des enseignants sont déclarés en grève. Seule une institution, sur les 13 sondées dans le supérieur, l'a été, tandis qu'il n'y avait pas de perturbation des centres PMS. Des perturbations minimes ont, par ailleurs, été relevées dans l'enseignement supérieur, tandis que la région liégeoise était particulièrement touchée.

Le collège Notre-Dame d'Erpent est bien connu des Namurois. Son directeur, Stephan de Brabant, a accepté de nous livrer son analyse du malaise actuel. Si certaines des revendications peuvent paraître corporatistes (telles la revalorisation salariale et la fin de carrière), la problématique de l'encadrement lui semble fondamentale.

Directeur depuis 12 ans (dont 6 ans à Bruxelles), Stephan de Brabant se dit conscient de la nécessité d'oser une réflexion autour de la multiplicité des réseaux, les détachements administratifs, autrement dit, davantage de créativité.
A la question de savoir "comment on en est arrivé là ?", l'enseignant, qui est historien, relève des normes d'encadrement peu développées, une évolution des comportements, une perte des repères… L'école doit impérativement retrouver davantage de "sens". Si le monde politique, souligne Stephan de Brabant, doit entendre le message des enseignants épuisés (les classes en surnombre sont monnaie courante), pour éviter une escalade de grèves, les parents doivent être conscients que la grande majorité des enseignants sont généreux. "Un bon enseignant, remarque-t-il, met le feu à chaque cours".

Le défi n'est pas anodin. Il s'agit des enjeux de l'enseignement de demain. Pour pallier les déficiences des classes en surnombre, une multitude d'écoles d'accompagnement payantes se sont développées ces dernières années. "La prochaine étape sera l'école privée", prévient Stephan de Brabant, qui exhorte les politiciens à faire preuve de "courage politique".

SeGEC/at


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