Imaginez… une sculptrice qui a un père sculpteur. Lorsque celui-ci meurt, sa fille raconte leurs souvenirs partagés durant ces moments tellement particuliers qui préludent le départ. Une manière de garder ses souvenirs intacts.
Si la famille de Bernard Mélois n’est pas religieuse, elle lui prépare néanmoins une magnifique célébration d’adieu, avec son filleul entré dans les ordres en guise de célébrant ! Le cimetière de Saint-Quentin-sur-Allan est devenu celui de Bernard Mélois. "Sur une hauteur se trouvent une très petite chapelle du XVe siècle et son très petit cimetière. Papa appelait ce toit tranquille son ‘cimetière marin’." Pour orner la tombe familiale, une croix en fonte y figure. Clémentine la fera émailler en bleu – du vivant de son père – de la couleur des plaques de rues françaises.
La confiance de Bernard Mélois, qui se sait proche de sa mort et ne la redoute pas, influe sur l’ensemble de sa famille. C’est ainsi que mère et filles décident de transformer son atelier en une immense salle d’exposition, histoire de mettre en valeur ses créations. Les rangements sont épiques dans un lieu où sont consignés de multiples objets et rebuts en émail.
Après l’habitation, vient le temps de préparer le lieu de la célébration. Chacun y met du sien pour parfaire le décor et transformer ce dernier moment en retrouvailles réjouissantes. Bougies, guirlandes de fleurs, musique… Rien n’est laissé au hasard.
"Dans l’art chrétien, la pie symbolise l’âme, et mon père l’avait faite d’après un tableau de Goya où elle est tenue en laisse par un enfant, dont le peintre avait fait un portrait post-mortem. D’habitude, elle était sur la fenêtre de la chambre de mes parents. Elle s’était envolée et venait de se poser un instant pour regarder d’en haut la cérémonie", écrit Clémentine qui l’a installée au-dessus de la porte de la chapelle.
Sous des dehors fantasques, Alors c’est bien revisite les souvenirs d’une famille et d’un couple heureux. Que la mort soit toute proche les rend encore plus présents.
Angélique TASIAUX
📘 Clémentine Mélois, Alors c’est bien. Gallimard, L’arbalète, 2024, 208 pages.