Dans un communiqué publié ce mercredi 17 juillet 2024, le Mouvement Emmaüs rend publics "des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005."
Sept femmes ont témoigné de gestes déplacés, certains qualifiés d'agressions sexuelles, commis à leur encontre par le fondateur du mouvement Emmaüs, selon le journal La Croix qui révèle ces témoignages. Décédé en 2007, l'abbé Pierre a longtemps été une des personnalités préférées des Français. Ces révélations créent dès lors un choc médiatique et bouleversent les structures au sein desquelles l'abbé Pierre occupe une place majeure: Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre.
Il y a un an, le Mouvement Emmaüs a mandaté un cabinet expert de la prévention des violences, le groupe Egaé, pour mener un travail d’écoute et d’analyse suite à une plainte reçue en juin 2023. Une femme rapportait des gestes graves commis par l'abbé Pierre à la fin des années 70, alors qu'elle était encore mineure. Elle est la fille d'un couple proche de l'abbé Pierre. Le quotidien La Croix, qui a pu consulter le rapport d'enquête, évoque des attouchements répétés visant la poitrine de la jeune femme et d'autres comportements déplacés quelques années plus tard. Suite à ce premier témoignage, l'écoute de volontaires et de salariés d'Emmaüs a permis de faire remonter six autres témoignages de victimes présumées. Emmaüs International, qui a mandaté l'enquête du groupe Egaé, met en place une ligne d’écoute pour recueillir d’autres témoignages éventuels de victimes ou de témoins.
"Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés" déclare le Mouvement Emmaüs, qui entend combattre toutes formes de violences et dénoncer "les actes inacceptables commis par une personne qui a joué un grand rôle dans son histoire".
L’abbé Pierre, rappelle La Croix, avait confié à la fin de sa vie avoir fait des entorses à son vœu de chasteté. « J’ai connu l’expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction », confiait-il dans un livre d’entretiens publié en 2005 par Frédéric Lenoir. Ces déclarations avaient à l'époque fait beaucoup de bruit et, pour certains, terni déjà l'image "de sainteté" associée à l'homme d'Eglise et à ses combats en faveur des plus pauvres.
M.V.L.