Les signes religieux ont-ils leur place dans le sport?


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Les signes religieux ont-ils leur place dans le sport?
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

Nous avons tous en tête l'image du joueur de football qui se signe avant le coup d’envoi ou qui lève les mains jointes vers le ciel après avoir marqué un but. Ces signes d’apparence religieuse ont-ils vraiment leur place dans les compétitions sportives ? Alors que l’été s’annonce sportif, nous avons décrypté la question.

Lundi 1er juillet, les Diables Rouges joueront leur huitième de finale en coupe d’Europe contre la France. Est-ce que cela sert à quelque chose de prier pour la victoire ? Pas vraiment, ce serait demander à Dieu de choisir entre deux peuples qui sont a priori sur un même pied d’égalité à ses yeux. Par contre, nous pourrons être attentifs aux prières de nos joueurs et aux signes de leur foi qui ne les quittent pas une fois sur le terrain.

Il y a ceux qui sont pour et qui vous diront que ça ne fait pas de mal, et il y a ceux qui sont contre, car la compétition doit rester un espace laïque. Certaines fédérations sont d’ailleurs assez strictes sur la question. Entre liberté de culte et laïcisation de l’espace public, qui a raison ? Aura-t-on jamais une réponse finale à cette question ?

Garder l’espace public laïque

Chez nos voisins français, la question a été tranchée en juin 2023 : une fédération sportive a le droit d’interdire des signes religieux en compétition en vertu de la laïcité de l’État. La question posée au Conseil d’État concernait la Fédération française de football.

Une des victimes de cette décision est l’ancien coach du club de Cenon en Gironde. Celui-ci a été évincé du club pour avoir supposément prié dans les vestiaires, donc pour entrave à la laïcité. “C’est la grande question de la laïcité à la française,” nous explique Jean Lannoy, journaliste pour 1RCF Belgique. “Soit on supprime tous les signes religieux dans l'espace public, soit on va vers un vivre ensemble où on tolère en fait tous les signes religieux. En France, on va quand même vers une société où la laïcité signifie supprimer tous les signes religieux dans l'espace public.

Une question de sécurité

Dans certains cas et pour certaines disciplines, ce sont des raisons de sécurité qui motivent l'interdiction des signes religieux. On peut notamment penser au port du voile dans certaines disciplines.

Pour Jean Lannoy comme pour Clément Laloyaux, journaliste à CathoBel, tous deux invités dans Décryptages, cette interdiction sécuritaire pourrait parfois avoir du sens. “On rentre dans du cas par cas”, nous dit Jean Lannoy. Et encore, “il y a aujourd'hui une inventivité à pouvoir adapter les Écritures au monde réel, à ce qui est vécu. Je n'irai pas vers une interdiction, en tout cas d'un point de vue purement sécuritaire, mais vers une adaptation quand c’est possible.”

Pour inspirer les supporters

Au final, nos deux décrypteurs voient beaucoup de positif dans le fait de montrer son appartenance religieuse dans le sport. “Un sportif de haut niveau devient par la force des choses, même s'il ne le veut pas, un modèle aux yeux de la société,” nous explique Clément Laloyaux. “Et quand tu exhibes ta foi, tu exhibes aussi tes valeurs chrétiennes, des valeurs de tolérance, de fraternité.”

Selon lui, la foi remplirait un vide laissé par une arrivée au sommet trop rapide. “Ils atteignent très vite leur objectif financier et de carrière, mais ils se retrouvent avec un vide existentiel. Ils ont besoin de cette spiritualité et cela peut aussi inspirer le fan, le petit garçon, la petite fille qui se sent mal dans sa peau, qui trouve qu'il n'arrive à rien dans la vie, ça peut le raccrocher à l'enseignement de Dieu.”

Catégorie : L'actu

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