«L'Église est attentive à vos recherches et les encourage», a affirmé le Pape aux scientifiques participant à une conférence qui s’achève ce vendredi à Castel Gandolfo sur les "trous noirs, ondes gravitationnelles et singularité de l’espace temps", en l’honneur du prêtre et astronome belge, George Lemaître. François souligne que la foi et la science peuvent «s'unir dans la charité si la science est mise au service des personnes, sans qu’on la détourne à leur détriment, voire à leur perte».
Sept ans après une première conférence consacrée au père George Lemaître, une quarantaine de chercheurs, dont deux prix Nobel, sont réunis ces jours-ci par l’Observatoire du Vatican, dans la banlieue de Rome, pour nouvelle rencontre en l’honneur des travaux du prêtre belge qui fut professeur de physique à l'Université catholique de Louvain et président de l'Académie pontificale des Sciences de 1960 à 1966.
Le Pape les a reçus ce jeudi matin, soulignant la manière dont les travaux de George Lemaître avaient été «ultérieurement reconnus par l’Union nationale astronomique», qui a décidé d’accoler son nom à celui de Hubble dans la loi qui permet d’estimer la relation entre la distance et la vitesse des galaxies dans l’univers proche, montrant que celui-ci est en expansion.
Des thèmes pertinents pour la vie spirituelle
Évoquant leurs échanges en cours sur les ondes gravitationnelles ou «l’égnimatique nature de la singularité astronomique du Big-Bang aux trous noirs», François assure les scientifiques que «l’Église est attentive à ces recherches et les encourage, car elles ébranlent la sensibilité et l'intelligence des hommes et des femmes de notre temps».
François évoque le vertige devant lequel l’astronomie place l’homme et la quête de sens qu’il induit. «Le début de l'univers, son évolution ultime, la structure profonde de l'espace et du temps confrontent l'être humain à une recherche anxieuse de sens, dans un vaste scénario où il risque de se perdre». Et François de citer le psaume 8 qui témoignent selon lui de manière évidente que les thèmes du colloque sont particulièrement pertinents pour la théologie, la philosophie, la science et la vie spirituelle: «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas/ qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?/ Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnant de gloire et d'honneur».
George Lemaître, une inspiration pour unir science et foi
Comment s’unissent science et foi ? Le Pape estime que le parcours humain et spirituel de Georges Lemaître, prêtre et scientifique «exemplaire», à de quoi inspirer. L’aspirant ingénieur vécut la Seconde Guerre dont il connut les horreurs, avant de suivre sa double vocation sacerdotale et scientifique. S’il croit au départ que «les vérités scientifiques sont voilées dans les Saintes Écritures», ses expériences et ses élaborations spirituelles l’amèneront ensuite, précise le Pape, à réaliser que la création et le big-bang sont deux réalités distinctes. Il comprend «que la science et la foi suivent deux voies différentes et parallèles, entre lesquelles il n'y a pas de conflit.
Au contraire, poursuit François, «ces chemins peuvent s'harmoniser entre eux», car la science et la foi, pour un croyant, ont «la même matrice dans la Vérité absolue de Dieu». Le Dieu auquel George Lemaître croit «ne peut être un objet facilement catégorisable par la raison humaine», il est «le "Dieu caché", qui reste toujours dans une dimension de mystère, pas totalement compréhensible».
L’encouragement de l’Église
La conférence a été conçue comme un «espace neutre» de discussion par l’Observatoire du Vatican, et le Pape souhaite que la liberté et «l'absence de conditionnement» dont les chercheurs font l’expérience leur permettent «dans un esprit loyal et humble» de progresser vers la Vérité, qui est assurément, dit-il, une émanation de la Charité de Dieu. «La foi et la science peuvent s'unir dans la charité si la science est mise au service des hommes et des femmes de notre temps, et non déformée à leur détriment, voire à leur destruction», rappelle le Pape qui les encourage à aller «aux périphéries du savoir humain».
C’est là, assure-t-il, que nous pouvons faire l'expérience du Dieu Amour, qui satisfait et étanche la soif de nos cœurs.
Marie DUHAMEL pour Vatican News
(Titre : CathoBel)