Big Bang : L’Observatoire du Vatican réunit 40 chercheurs pour discuter de l’héritage scientifique de Georges Lemaître


Partager
Big Bang : L’Observatoire du Vatican réunit 40 chercheurs pour discuter de l’héritage scientifique de Georges Lemaître
Sur les hauteurs de Castel Gandolfo se dresse l'observatoire astronomique du Vatican, (en italien : "Specola vaticana"). © H Raab
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

Du 16 au 21 juin, l’Observatoire astronomique du Vatican accueille un colloque international portant sur la pertinence des découvertes scientifiques du chanoine catholique et physicien belge Georges Lemaître. Une quarantaine de chercheurs, dont deux prix Nobel, sont réunis pour discuter de «Trous noirs, ondes gravitationnelles et singularités spatio-temporelles».

Une participation de haut niveau

© vaticanobservatory.org

Depuis ce dimanche 16 juin, ce sont pas moins de 40 chercheurs du monde entier, dont deux prix Nobel, qui sont réunis autour du thème "Trous noirs, ondes gravitationnelles et singularités spatio-temporelles". 150 autres chercheurs suivent ce colloque en ligne. Ce panel international d'astronomes et cosmologues discute de l’héritage scientifique du physicien belge Georges Lemaître (1894-1966), célèbre pour sa théorie du Big Bang et ses recherches sur les trous noirs.

Lors de ce colloque, il s'agira notamment d'étudier ce que ces singularités spatio-temporelles (Big Bang, trous noirs,...) nous apprennent sur la nature de notre univers.

«George Lemaître a marqué une étape importante dans les études sur le sujet en conversant avec Albert Einstein, allant même jusqu'à corriger le grand scientifique sur certains points», explique à Vatican News le père Gabriele Gionti, cosmologiste jésuite et vice-directeur de l'Observatoire du Vatican. En particulier, George Lemaître ne s'est pas fermé à la théorie quantique d'Albert Einstein, mais a su «embrasser immédiatement la perspective d'avoir deux dimensions, celle de la physique classique et celle de la physique quantique». 

En marge de ce colloque, le frère Guy Consolmagno, astronome et directeur de l'Observatoire du Vatican, évoque quant à lui la confusion qui existe parfois entre la théorie du Big Bang et le récit de la Genèse sur la Création pour souligner qu'il s'agit de deux domaines distincts dans leurs parcours d'étude qui font partie d'un seul et même voyage.

«Il ne faut pas confondre le Big Bang et le récit de la création dans la Genèse. Ce sont deux domaines distincts d'une même voie»

Guy Consolmagno, directeur de l’Observatoire astronomique du Vatican.

L'Observatoire du Vatican est une institution créée par le Saint-Siège. Elle mène une double mission : faire avancer la recherche astronomique et vulgariser la compréhension scientifique de notre univers auprès du grand public. © Rb85 (g) et H. Aziz KAYIHAN (dr.) / Wikimedia Commons

George Lemaître, le prêtre à l'origine de la théorie du Big Bang

Durant la Première Guerre mondiale, Georges Henri Lemaître, ingénieur civil, sert comme officier d'artillerie dans l'armée belge. Après l'armistice, il entre au séminaire et est ordonné prêtre en 1923. Il étudie au laboratoire de physique solaire de l'université de Cambridge de 1923 à 1924 avant de poursuivre ses études au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) de 1925 à 1927.

Nommé professeur d'astrophysique à l'université de Louvain en 1927, Georges Lemaître pose la même année une hypothèse qui bouleverse la cosmologie : l’univers est en constante expansion. Quatre ans plus tard, en 1931, le chanoine va encore plus loin et émet sa théorie de "l'atome primitif", début temporel de l’univers. D'après Lemaître, l'expansion de l'Univers implique qu'à un moment donné dans le passé, l'Univers a dû passer par un état de très haute densité énergétique, comme un "atome originel" dont l’explosion, à une époque donnée, expliquerait la structure actuelle du cosmos. Cette explosion initiale cataclysmique sera, bien des années plus tard, surnommée le "Big Bang".

On le devine, cette hypothèse de Lemaître provoque des réactions très vives au sein de la communauté scientifique de l'époque. L'un de ses anciens maîtres la qualifiera même de rébarbative. Pire, comme évoqué ci-dessus, le jeune savant belge ira jusqu'à s'opposer à la théorie de l’univers stationnaire d’Albert Einstein. En dépit de ce désaccord profond, les deux savants garderont une estime mutuelle et se rencontreront à de nombreuses reprises.

Aujourd'hui encore, le chanoine belge est considéré comme le premier à avoir mis le doigt sur presque toutes les caractéristiques du modèle d'univers le plus valide.

Robert A. Millikan, Georges Lemaitre et Albert Einstein au California Institute of Technology, janvier 1933. © Domaine public

Entre foi et science

Si Georges Lemaître fut un homme de science, il fut a fortiori un homme de foi.

Il entre au séminaire de Malines en 1920, intègre la Fraternité sacerdotale des amis de Jésus à partir de 1922 et est ordonné prêtre en 1923. Sa vie durant, il concilia donc ses vocations scientifique et religieuse, ne sacrifiant jamais l'une à l'autre.

Sur le sujet de la Création, le physicien belge fait partie des partisans de l'interprétation symbolique et non pas littérale de la Genèse. Fidèle à la conception thomiste, il distingue la notion de « commencement » de celle de « création », la première étant une entité physique, la seconde un concept philosophique.

Du côté de l’Église, les découvertes de Georges Lemaître n’ont jamais posé de problème. Preuve de cette belle entente, il fut nommé à l'Académie pontificale des sciences dès sa création en 1936, et il en fut le président en 1960, recevant à cette occasion le titre de prélat.

La cosmologie actuelle a conservé les intuitions fondatrices de Lemaître et confirmé ce qu’il avait posé en théorie : un « atome primitif » a donné naissance à l’univers. © AI Generator

C.L. (avec Zenith et Vatican News)

Catégorie : Sens et foi

Dans la même catégorie