Au programme de Décryptages cette semaine, un sujet qui pourrait diviser et sur lequel nos décrypteurs étaient pourtant assez d’accord: le baptême des personnes transsexuelles. Notre analyse de cette actualité est partie d’un document du Dicastère pour la doctrine de la foi pour finir sur une citation des Lettres aux Galates.

En studio cette semaine : Christophe Herinckx, théologien et journaliste pour CathoBel et Dimanche, ainsi que Benoit Bourgine, théologien également. Sur la table, deux sujets : la « Rijmbijbel » actuellement exposée à la KBR d’abord, le baptême des personnes transsexuelles ensuite.
Une question vaut une réponse
Tout part d’une série de questions posées par un évêque brésilien au Vatican au mois de juillet sur la possible participation aux sacrements du baptême et du mariage des personnes transsexuelles et homosexuelles. Le 31 octobre dernier, les réponses tombent et toutes s’avèrent positives. Nous n’allons pas ici refaire l’analyse complète du document, celui-ci est consultable sur le site du Vatican. Pour nos décrypteurs, la plupart des questions auraient d’ailleurs déjà pu trouver leur réponse dans le droit canon, mais des précisions ne font jamais de mal.
Première salve de questions : une personne transsexuelle peut-elle recevoir le sacrement du baptême ? Peut-elle être témoin de mariage ? Peut-elle être parrain ou marraine d’un enfant ? Partout, la réponse est oui. Sous condition qu’il « n’y [ait] pas de situations dans lesquelles il existe un risque de scandale public ou de désorientation des fidèles ».
Des précisions supplémentaires sont ensuite données sur les conditions pour être parrain ou marraine. Le document précise qu’elles s’appliquent uniformément à toute personnelle transexuelle, qu’elle ait fait une transition chirurgicale, pris des hormones ou aucun des deux. Cela, comme nous le rappelle Christophe, va à l’encontre de la doctrine, qui dit que la transition est contre nature.
Autre sujet : le baptême des enfants de couples homosexuels. Intervient alors la question de la subjectivité et de l’objectivité, comme nous l’explique Benoit. Ce n’est pas parce que deux hommes ou deux femmes vivent ensemble et élèvent un enfant ensemble qu’ils vivent dans le péché. En effet, la cohabitation des couples homosexuels n’est pas considérée contraire à la doctrine et n’est donc objectivement pas un péché. De plus, pouvons-nous réduire un enfant à l’orientation sexuelle de ses parents ? La condition pour le baptême de ces enfants est donc « l’espoir fondé qu’ils soient élevés dans la foi catholique ». Exactement comme pour tout le monde.
Dans tous les cas, comme l’a dit le pape François aux JMJ de Rio en 2013 : qui suis-je pour juger ? Il faisait alors référence au fait que l’homosexualité n’empêche pas une personne d’être de bonne volonté et de chercher Dieu.
La première bible en néerlandais
« Rijmbijbel » se traduit par « Bible en rimes ». Ecrite au 13e siècle et enluminée au 14e, elle est la première bible traduite en langue vernaculaire néerlandaise et la plus ancienne bible enluminée encore conservée. Après une récente rénovation, le travail du poète Jacob van Maerlant est aujourd’hui exposé à la Bibliothèque royale à Bruxelles.
Pour nos décrypteurs, cette bible est synonyme d’un début d’accessibilité des textes bibliques pour le peuple. Cependant, deux précisions doivent être apportées. La première est que cet ouvrage était visiblement destiné à une personne fortunée, au vu du luxe représenté par les enluminures. La seconde précision nous est apportée par Benoit : il ne s’agit là pas réellement d’une traduction de la Bible de Historia Scholastica.
Bien sûr, qui dit poète, dit écriture en vers. Le tout fait de l’ouvrage un ouvrage unique.
Pour Benoit Bourgine, il faudrait s’inspirer du travail de création de la Rijmbijbel pour intégrer les artistes contemporains à la diffusion des écritures. La pastorale biblique actuelle aurait à apprendre de ce qui s’est fait il y a un peu plus de sept siècles. L’appel est donc lancé !
Les recommandations de la semaine
Cette semaine encore, nos décrypteurs vous ont recommandé de quoi aller un peu plus loin sur les sujets abordés dans l’émission. Benoit Bourgine vous a donc parlé du film « Sound of Freedom » dans son zoom. Ce film aborde la traite des êtres humains de manière assez forte et critique. Pour lui, ce n’est pas un film facile, mais nécessaire pour parler de ce sujet des plus importants.
Autre recommandation, « La bible des écrivains » publiée chez Bayard dans laquelle des duos composés d’un exégète et d’un auteur ont travaillé ensemble sur différent textes bibliques. C’est, selon Benoit, ce qui se rapproche le plus de la Rijmbijbel en français et, à notre époque, du travail d’artiste sur les textes bibliques.