En Irak, face à un risque de propagation de la guerre, “la peur est toujours là”


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En Irak, face à un risque de propagation de la guerre, “la peur est toujours là”
Par La rédaction
Publié le
3 min

Les Irakiens sont terrifiés à l’idée que la guerre en Terre Sainte n’engloutisse la région, selon Aide à l'Eglise en Détresse. AED International relaye un appel de l'archevêque de Erbil, qui appelle les gouvernements du monde entier à œuvrer pour ramener la paix.

Mgr Bashar Matti Warda, archevêque d'Erbil en Irak

Mgr Bashar Warda, archevêque catholique chaldéen d’Erbil, craint qu’une escalade du conflit ne déclenche une nouvelle vague de migrations, avec des conséquences dévastatrices pour la communauté chrétienne qui a déjà été décimée par la guerre et l’extrême pauvreté. Il s'adressait à la fondation Aid to the Church in Need (ACN, soit Aide à l'Eglise en Détresse en anglais), œuvre de bienfaisance catholique qui est au service des chrétiens persécutés.

L’archevêque d’Erbil, dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien, a déclaré : « Les gens [en Irak] ont vraiment peur que la violence ne s’étende au-delà de Gaza. Je prie au nom de tout le peuple – en particulier des minorités, qui ont tendance à souffrir plus que les autres, en particulier dans les situations de conflit : ‘S’il te plaît, mon Dieu, pas d’autre guerre’».

Les blessures passées n'ont pas encore cicatrisé

L’archevêque a ajouté : « Nous demandons à tous les dirigeants et à tous ceux qui ont de l’influence de calmer la situation. Dieu nous garde que cette guerre aille au-delà de ce que nous avons vu ces derniers temps. Les règlements de comptes des vieux problèmes mettraient en péril la cohésion sociale de toute la région. La situation en Syrie n’est pas réglée, pas plus qu’elle ne l’est en Irak ».

Mgr Warda a déclaré que son peuple était sur le qui-vive et que certains hésitaient encore à rester dans le pays, à la suite des récentes violences et persécutions perpétrées par l’État Islamique (Daech), Al-Qaïda et d’autres groupes de milices extrémistes.

Affirmant que « les blessures causées par l’État Islamique n’ont pas encore cicatrisé », l’archevêque a ajouté: « La violence pourrait déclencher encore plus de migrations. La peur est toujours là. Ce n’est pas comme si la guerre que nous avons eue avait eu lieu il y a 30 ans. C’était il y a moins de 10 ans ».

Pas d'églises sans fidèles

Avant 2002, l’Irak abritait plus de 1,2 million de chrétiens, mais les persécutions, les violences et la pauvreté ont provoqué une émigration massive de chrétiens, et Mgr Warda a déclaré qu’il n’en restait aujourd’hui qu’environ 150.000.

Il a ajouté : "Pour nous, en tant qu’Église, s’il n’y a pas de fidèles autour de nous, à quoi bon avoir des structures ? Nous ne sommes pas comme une ONG. Nous dépendons de la présence du peuple".

L’archevêque a ensuite remercié ACN ainsi que d’autres organisations pour leur aide d’urgence et pastorale, en particulier pendant les années de crise qui ont culminé avec l’invasion de Mossoul, deuxième ville d’Irak, par l’État Islamique (Daech), et des plaines de Ninive, situées à proximité, qui sont la patrie antique des chrétiens.

Messe à Saint-Georges à Teleskof, dans les plaines de Ninive
(c) Aide à Eglise en Détresse- ACN International
Catégorie : International

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