Invité dans la matinale sur belRTL ce mercredi 5 juillet, Mgr Luc Terlinden a réagi aux derniers chiffres sur la pratique des catholiques en Belgique, a partagé sa vision de l’avenir de l’Eglise notamment concernant l’ordination d’hommes mariés ou de femmes.

D’entrée de jeu, le journaliste de bel RTL, Antonio Solimando demande à Luc Terlinden d’expliquer le paradoxe entre les résultats d’une étude de la KULeuven selon laquelle 1 Belge sur 2 se dit catholique et des églises désespérément vides. » Ca dépend des lieux pour la fréquentation des églises, précise le futur archevêque, à Malines, depuis deux ans, j’observe tous les jours des dizaines de personnes qui viennent brûler un cierge dans la cathédrale, c’est aussi une forme de pratique. »
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La messe n’est plus une obligation sociale mais un choix libre
Mgr Luc Terlinden souligne donc que la pratique ne peut se réduire à la seule fréquentation de la messe dominicale, « il faut pouvoir reconnaître ces autres démarches qui sont bien réelles comme les demandes de baptêmes » dont tient notamment compte l’étude mentionnée par le journaliste de bel RTL.
Ce faible taux de pratique exprime-t-il une défiance vis-à-vis de l’Eglise catholique en lien avec sa manière de gérer certains dossiers sociétaux? Est-ce un signal des croyants belges vers l’Eglise? demande Antonio Solimando à son invité. « La messe n’est plus une obligation sociale » mais un choix libre, « et c’est déjà un engagement de pouvoir y consacrer une heure ou deux tous les dimanches« , répond le futur archevêque avant d’ajouter: « nous vivons aussi dans une culture qui met l’accent sur l’authenticité, l’authenticité de la démarche et certains ne s’y retrouvent pas dans l’Eglise d’aujourd’hui mais d’autres bien, c’est de manière plus vraie qu’on pratique aujourd’hui. »
Luc Terlinden va-t-il moderniser l’Eglise?
A la question « ferez-vous entrer l’Eglise dans la modernité? », Luc Terlinden répond tout d’abord qu’il n’est pas à proprement parler le chef de l’Eglise catholique et qu’il n’est pas seul aux commandes, il rappelle la responsabilité de chaque évêque entouré de ses collaborateurs, et affirme sa volonté de s’inscrire dans une dynamique de collégialité, « c’est mon souhait de travailler en équipe, à l’écoute des uns et des autres« .
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« Ma première préoccupation, poursuit-il, c’est la vie des communautés chrétiennes actuelles, les soutenir pour qu’elles soient vivantes, chaleureuses et accueillantes pour tous, […] la présence de l’Eglise se vit d’abord sur le terrain auprès des gens« .
Bientôt des prêtres mariés ? des femmes diacres ?
Mariage des prêtres, ordination des femmes? Quelle est la position du futur archevêque ? Il n’est pas question de faire sécession, avance-t-il, mais ce sont « des questions sur lesquelles on peut parler ». Et de rappeler que l’ordination d’hommes mariés comme prêtres existe dans les églises orientales, aussi le pape François a institué une nouvelle commission pour évaluer l’ordination de femmes diacres dans l’Eglise catholique.
Reconsidérer la place des femmes justement, n’est-ce pas une urgence pour l’Eglise? insiste le journaliste de bel RTL. « Certainement« , répond spontanément le futur archevêque. Et des possibilités existent pour donner plus de responsabilités aux femmes dans l’Eglise, « il ne faut pas attendre que d’autres voies s’ouvrent pour déjà aller de l’avant » précise-t-il.
Jusqu’ici, la vie de l’Eglise était trop centrée sur le prêtre, « ça ce n’était pas bon » analyse Luc Terlinden pour qui tous les baptisés et tous les chrétiens ont leur rôle à jouer.
Luc Terlinden défend les mères célibataires
Questionné sur l’actualité française, Luc Terlinden estime que les émeutes « sont un marqueur d’une situation sociale très dégradée », qu’elles mettent en lumière le drame des familles monoparentales, portées par des femmes qui travaillent de longues journées, « c’est très interpellant« .
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Même si la question lui semble se poser différemment en Belgique où l’intégration a été peut-être mieux « gérée ». Avec conviction, il affirme : « On ne peut pas reprocher à une maman de ne pas assez s’occuper de ses enfants quand pour nourrir ceux-ci elle doit partir à cinq heures du matin et revenir vers sept, huit heures du soir« .
S.D.