Bien souvent, c’est dans les hasards – voire les synchronicités – de la vie que Dieu se faufile. Michel Wery, fidèle lecteur de Dimanche et paroissien, en a récemment fait l’expérience. Et il nous le partage.

Je l’aime bien cette équipe aux commandes d’une jeune entreprise qui cherche à réussir. Elle est constituée de jeunes gens pleins de fougue, confiants en leur bonne étoile et ne doutant pas un instant de leurs limites. J’avoue bien modestement que pour ce qui concerne l’informatique, les réseaux sociaux ou le monde digital, je suis largué… Ils sont vraiment très bons!
En revanche pour ce qui concerne les idées à exprimer, la clarté des énoncés, l’équilibre des textes, l’orthographe et la richesse de la syntaxe, tout cela leur paraît accessoire. Cela me désole. Les textes qu’ils m’adressent me blessent l’âme. « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement. Et les mots pour le dire… » Tout cela, ils n’en ont cure. Pourtant, je l’avais travaillé et retravaillé ce texte de présentation de notre activité. J’espérais que cette fois-ci, ils s’inclineraient devant cette version définitive et imprimable.
Le courriel du vendredi soir
Le weekend s’annonçait bien, weekend où je pourrais penser à autre chose. Mal m’en prit. Vendredi soir un courriel: « Michel, j’ai repris le texte… Il convient d’en changer une partie du contenu vu le message marketing à faire passer… »
J’étais incrédule, contrarié, furibond. Non seulement Baptiste, ce jeune manager, prétendait tout savoir alors que j’avais donné mon accord à sa jeune collègue pour imprimer la version définitive du texte et en plus il contestait mon autorité, moi qui suis son employeur. Je n’arrivais pas à sortir de cette impasse où s’entrechoquaient en moi mes valeurs de respect, de bon management, d’autorité et surtout de qualité littéraire! Ces jeunes ne comprendront-ils décidément jamais qu’un texte se doit d’être lu, lu, lu et relu avant de prétendre être abouti? Baptiste s’en fiche royalement considérant qu’une bonne photo ferait la différence.
Une parole apparemment anodine
Arriva la messe du dimanche à la paroisse où, avec ma casquette de « croyant de la base », j’écris régulièrement des chroniques d’humeur. En fin de messe, un paroissien que je connais de loin en loin (appelons-le François) m’aborda: « Michel, nous apprécions beaucoup tes textes; à la maison, nous les lisons à voix haute. Ils sont fluides et semblent couler d’eux-mêmes ». Je le remerciai et rentrai à la maison tout guilleret…
Ce n’est que plus tard dans la journée que je fis le lien entre l’incident de vendredi, mes textes et le bon Dieu. Baptiste, sans même l’imaginer, m’avait bousculé dans mes principes, blessé dans mon amour propre… Et voilà qu’à la messe, une parole bienveillante, apparemment anodine, vint s’interposer entre ma colère de vendredi et l’horizon infiniment large auquel je me sens invité lors de mes présences à la messe dominicale. Je me questionnai et finis par imaginer que François n’était peut-être pas le commanditaire final ou la source inspiratrice qui contribua à m’aider à recouvrer la paix de l’âme.
Lundi matin. Appel de Baptiste: « Voilà, Michel, j’ai modifié le contenu du texte. Peux-tu le retoucher une dernière fois sur la forme, s’il te plaît, pour qu’il soit impeccable ». Baptiste avait en effet apporté des corrections de fond ô combien utiles à l’efficacité commerciale du texte. Le lendemain à la réunion marketing, je félicitai mes deux collaborateurs d’avoir persévéré légitimement sur le fond de leurs convictions au service de l’intérêt commun.
Une intervention tierce?
Mais voilà: entre mon ire de vendredi soir et ma réaction apaisée de ce début de semaine, je devinai une intervention tierce… Une drôle de pressentiment. Car François était à mille lieues de pouvoir imaginer l’incident de vendredi et encore moins le pourquoi de l’effet bienfaisant de ses paroles sur ma meurtrissure de l’âme. Mais qui alors?
Poursuivant ma réflexion, je me souvins de la théorie de la « synchronicité » chez Carl Gustav Jung, père de l’école de psychanalyse du même nom. Il avait observé dans sa pratique que des évènements apparemment anodins de la vie de ses patients, prenaient sens une fois reliés entre eux, jusqu’à marquer des vies. Pour ma part, dans ma propre existence, je peux citer des exemples où des « synchronicités » évidentes à mes yeux ont suscité en moi des avancées de l’âme. Mais n’est-elle pas là, l’essence même de toute foi ? Reconnaître SA présence en nos interstices…
Je pressens que Dieu s’est insinué en amont des paroles de François pour me faire entendre que mon horizon d’espérance est tellement plus large que mes petites inquiétudes d’ego. Et que mon job est bien évidemment d’accompagner Baptiste dans son beau parcours.
Une fois de plus, Dieu avait profité d’une parole fraternelle pour y glisser « sa présence » dont je ne percevrais le sens qu’une fois apaisé. Dans le cas présent, son intervention me semble « couler de source ». Il est génial, ce Bon Dieu, lui qui dans son « infinie délicatesse » instille dans les paroles et les actes de nos frères humains son invitation à l’Aimer!
Titre et intertitres sont de la rédaction

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