
C’est donc cette semaine que l’Eglise publie son traditionnel rapport annuel. Comme d’habitude, celui-ci contient différents chiffres qui donnent une idée de la place que l’Eglise occupe dans la société. S’il est possible que certains observateurs ne voient que ces chiffres, il serait tout aussi regrettable que les catholiques du Royaume les ignorent totalement. Car ces chiffres sont utiles: ils montrent que si les croyants demeurent nombreux, ils le sont de moins en moins. Et que l’Eglise, dans nos régions, est en pleine période de transition.
Comme chaque année, outre les chiffres, le rapport met en évidence un thème. Cette fois, il s’agit de l’innovation. Et c’est plutôt bien vu! En effet, n’est-ce pas précisément en période de crise et de mutation qu’il convient d’imaginer des choses neuves? Parcourir ce rapport fait donc du bien. On y voit des chrétiens explorer des terrains inconnus, sortir de leurs églises qui sentent (parfois) un peu le renfermé. « Avanti », a dit le pape à nos évêques la semaine passée. Cette invitation s’adresse à chacun d’entre nous.
Répondre à cette invitation pourrait même avoir une incidence sur certains chiffres. Une Eglise en décroissance? Cela dépend des critères que l’on choisit. Au cours des dernières années, les efforts de l’Eglise dans le domaine de l’écologie se sont fortement accrus. Au cours des dernières années, le nombre de personnes prenant soin de leur vie intérieure par le moyen d’une application téléchargée sur leur smartphone a explosé. Au cours des dernières années, le nombre de personnes s’informant sur la vie de l’Eglise via Internet a augmenté. En réalité, en innovant, l’Eglise se découvre de jolies marges
de croissance.
Reste que l’Eglise n’est pas une organisation comme les autres. Bien sûr que la croissance l’intéresse. Mais pas d’abord celle qui se traduit dans des chiffres. Et si elle souhaite rejoindre les gens, c’est moins pour obtenir de nouveaux adhérents que pour toucher davantage de cœurs. C’est à la croissance de notre humanité que nous appelle l’Evangile. Cette croissance passe d’abord par l’amitié, la fraternité, le souci de l’autre. La semaine dernière, François n’a pas appelé nos évêques à faire croître l’Eglise, mais à cultiver la proximité.
Vincent DELCORPS