
Pas une semaine ne passe sans qu’il en soit question. Dans la presse notamment. Si cet évêque a pris telle position, c’est parce qu’il serait « progressiste ». Et si cet autre l’a critiqué, c’est parce qu’il serait « conservateur ». Entre nous aussi, il nous arrive de dégainer ces étiquettes. De nous demander si tel prêtre n’est pas un peu trop « progressiste »? De reprocher à tel autre son côté « conservateur »?
Cette semaine, Dimanche s’interroge: ces qualificatifs sont-ils réellement pertinents? Et, surtout, nous aident-ils à faire Eglise? Question complexe. Commençons par dénoncer deux risques.
Le premier? Celui qui consisterait à sous-estimer les différences qui existent en Eglise, et que la ligne « conservateur/progressiste » aide à comprendre. Car il y a bien, à travers chacun de ces courants, des polarités, des accents spécifiques, qui invitent à poser un certain regard sur l’Eglise. Le nier reviendrait à se priver d’une clé de compréhension qui peut éclairer les enjeux de notre temps.
Le second? Celui qui consisterait à surestimer ces différences. A voir ce prisme comme une frontière étanche. A polariser avant de rencontrer. A donner du « conservateur » pour clore la discussion; à lancer du « progressiste » comme de la pire insulte.
Ces deux risques mènent au même danger: celui de renoncer au débat. Or, il y a bel et bien un débat à mener. L’ampleur des défis ecclésiaux nous invite à mobiliser sans attendre notre intelligence – et notre intelligence collective. Comment faire de nos églises des lieux de vie? De quelle manière organiser la prise de décision dans nos communautés? Quel doit être le rôle du prêtre dans une société… où il y en a de moins en moins? Ces questions sont difficiles et passionnantes. Pour y répondre, nous devons prendre en compte autant la richesse de la tradition que l’inédit de l’aujourd’hui.
Deux choses encore:
- Ne voyons pas ces débats comme des combats à mener – et à gagner. Certes, des décisions doivent être prises. Il y a donc de vrais enjeux. Mais elles ne pourront être bonnes que si personne n’a le sentiment d’avoir été vaincu.
- N’oublions jamais qu’au-delà de ces débats – ou en amont si possible – il y a des rencontres à vivre. Ecoutons chacun – mais surtout celui dont l’avis diffère du mien. Avec l’intime conviction que la part du Royaume qui est la sienne est un trésor qu’il a à m’offrir.
Vincent DELCORPS

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