Plus de 10.000 personnes en Belgique participent à Alteo, le mouvement qui prône une société inclusive. L’association créée en 1961 marque son anniversaire en réfléchissant à un nouveau projet social.

Alteo vient d’entrer dans la tranche des 3×20. Le mouvement qui se préoccupe des personnes malades et handicapées vient de fêter son soixantième anniversaire. Une fête qui donne l’occasion de lancer officiellement la réflexion sur le nouveau projet social du mouvement.
« Notre projet social avait déjà plus de seize ans« , reconnaît Emilie De Smedt, secrétaire politique chez Alteo. « Entre temps, la société a évolué, les attentes et les besoins des personnes en situation de handicap ont changé. La question se pose : comment continuer à être en adéquation ?«
Le mouvement a donc émis un questionnaire distribué à toutes les personnes handicapées, pour pouvoir « identifier les thématiques », selon les mots de la secrétaire politique d’Alteo. « En alternant des questionnaires papier et d’autres en ligne, des réunions en présentiels et d’autres virtuelles, nous avons pu rassembler un bon nombre de réponses« , estime-t-elle.
Quels objectifs pour demain?
Marc Trémouroux, président d’Alteo, posait ainsi les termes du débat: « aujourd’hui l’action d’Altéo au travers de l’engagement volontaire et solidaire de ses membres est précieuse pour briser l’isolement, rassembler, maintenir ses multiples activités adaptées et favoriser l’émergence de services inclusifs. Mais demain… Quels seront les objectifs clé dont le mouvement devra toujours s’inspirer ? : garder le lien social à tout prix, déployer un engagement volontaire de qualité, promouvoir la prise de responsabilité par le filtre ‘voir, juger, agir’, aller plus loin en termes d’inclusion, faire mouvement plus que jamais.«

Le congrès du 11 juin qui se clôturait par une fête d’anniversaire a permis de fixer les « grandes balises » dans lequel le projet social s’inscrira. Emilie De Smedt résume ainsi : « nous voulons être un acteur pour une société inclusive. Nous avons choisi trois thématiques prioritaires, qui sont le lien social, l’accessibilité et l’autonomie. Ces trois thèmes sont bien sûr liés les uns aux autres.«
Les antennes régionales d’Alteo ont pu s’exprimer lors du Congrès du 11 juin dernier. Le travail se poursuit maintenant localement, avant d’aboutir à un texte qui serait adopté lors d’une assemblée générale en fin d’année.
Vers l’inclusion des personnes malades
60 ans d’existence donnent l’occasion à ce mouvement longtemps connu comme l’ACIH (Association Chrétienne des Invalides et Handicapés, de jeter un regard sur son histoire. Un numéro spécial de la revue Alteo Mag rassemble plusieurs témoignages. Andrée Maes raconte par exemple: « Jeune handicapée physique, dans le début des années 60, la proposition de l’ACIH m’a séduit :’Vivre’, vouloir que les personnes invalides ou handicapées comprennent les rouages de la société dans laquelle elles vivent et prennent position en connaissance de cause. Avoir confiance dans la personne et mettre en valeur son potentiel de capacités et de prise de responsabilités« .
Écoutons le récit fait par le président actuel d’Alteo de l’origine de l’association : « Dès les débuts, le mouvement veut répondre à cet enjeu majeur et organise des vacances adaptées pour les personnes malades, valides et handicapées depuis le premier séjour, un pèlerinage à Lourdes en 1954 (suivi rapidement par 300 personnes) jusqu’au programme de séjours variés tant en Belgique qu’à l’étranger. » Emilie De Smedt, actuelle secrétaire politique, confirme : « Briser l’isolement des personnes était l’une des motivations de l’époque… La crise sanitaire a montré combien cette expression apparemment désuète était toujours d’actualité !«

1500 volontaires à l’œuvre
L’offre portée par l’ACIH, puis l’OCIH-AM, puis Alteo (en 2007) s’est développée dans plusieurs directions. Le mouvement propose à la fois des séjours pour les personnes malades et porteuses de handicap dans des sites religieux ou des thématiques sportives, culturelles, etc. Un volet accompagnement et transport existe aussi pour aplanir les difficultés des personnes malades pour se rendre à une consultation. Enfin, Emilie De Smedt revient sur l’action politique d’Alteo « pour que les droits des personnes handicapées soient davantage respectés.«
Pour proposer cette diversité d’activités, Alteo compte 1.500 volontaires qui s’impliquent soit dans l’organisation du mouvement, soit dans l’un ou l’autre service. « C’est l’un des défis que nous devons relever. Les personnes ne s’engagent plus comme avant, sur la durée« , remarque la secrétaire politique d’Alteo. D’autres défis posés par la société, tels que l’accès aux nouvelles technologies, sont aussi sur la table des groupes de réflexion. Affaire à suivre, donc.
Anne-Françoise de Beaudrap (photos: (c) Alteo, sauf mentions contraires)
Deux réalisations d’Alteo
👉 Le mouvement contribue à former des « aidants numériques ». Qui sont-ils ? La réponse dans cet article « L’entraide pour trouver le dé-clic » paru dans le journal Dimanche.
👉 Parmi les personnes en première ligne pendant la crise sanitaire, nous avions fait le portrait d’un chauffeur bénévole pour conduire les malades à une consultation : témoignage de Jean-Marie Farinelli