En première ligne : une attention jusque dans les détails


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En première ligne : une attention jusque dans les détails
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le - Modifié le
3 min

Ils sont devenus "nos héros", peut-être à leur insu ou ils s’en défendent. Ils travaillent peut-être au moment où – chaque soir à 20h – la population les applaudit de sa porte, sa fenêtre ou son balcon. "Ils et elles" sont au chevet des patients ou veillent au bien-être des personnes (âgées, en institution…). CathoBel et Dimanche vous invitent à partager leurs ressentis. Aujourd’hui, un chauffeur de malades raconte comment la lutte contre le Covid-19 complique sa mission.

"J'espère ne jamais avoir à revivre cette expérience", reconnaît Jean-Marie Farinelle qui n'est pourtant pas directement concerné par la pandémie de Covid-19. Il ne travaille pas dans le secteur médical, mais il transporte bénévolement des malades qui se rendent à leurs rendez-vous médicaux et autres traitements chroniques. "Ce sont principalement des personnes qui doivent suivre des dialyses ou des radiothérapies", précise-t-il puisque les autres consultations non urgentes ont été reportées après le confinement.

Les mesures sanitaires appliquées depuis le 18 mars ont compliqué sa tâche de chauffeur de malades. Jean-Marie Farinelle décrit notamment ce qui est devenu nécessaire pour conduire une dame âgée de son home vers la clinique à 30 kilomètres de là: "Cette personne malade tient à peine debout, elle ne peut pas marcher. Une infirmière la conduit donc en chaise roulante de sa chambre vers l'entrée de la maison de repos. Elle doit alors laisser là le fauteuil et passer le sas d'entrée à l'extérieur duquel je l'attends." Le chauffeur bénévole ne peut en effet pas pénétrer dans l'enceinte de l'établissement pour personnes âgées, au risque d'apporter des microbes extérieurs. Ensuite, le trajet se poursuit jusqu'à l'hôpital où la dame doit subir une chimiothérapie. "Arrivé à l'entrée de la clinique, je dois y entrer seul une première fois pour aller chercher un fauteuil roulant, puis ressortir et installer la malade sur le fauteuil et nous diriger vers le service oncologique. Sauf qu'à chaque passage, nous sommes contrôlés avec prise de température et autres questions…" Jean-Marie Farinelle et la patiente qu'il conduit empruntent la route dite "propre" de l'hôpital, et doivent donc prouver à plusieurs reprises ne pas être atteints des symptômes du coronavirus.

Le chauffeur bénévole qui rend ce service au sein d'Alteo (Mutualité chrétienne) précise encore qu'à son retour il doit désinfecter des portes à la ceinture de sécurité de la voiture, puis se changer et se doucher. Heureusement qu'il y a moins de malades à transporter ces dernières semaines! Il reconnaît qu'au début du confinement le personnel du home ressentait "un stress important" à l'idée qu'il risque d'entrer ou de contaminer l'établissement. "Moi-même, j'étais soulagé quand je déposais cette dame au retour." Avec un mois de recul, Jean-Marie Farinelle avoue une "motivation plus forte" encore pour rendre ce service.

Dans le contexte de la province de Luxembourg, où il exerce cette mission volontaire depuis quelques années, les distances peuvent être grandes pour aller à l'hôpital. "Il faut compter de 90 à 100 kilomètres pour chaque trajet vers Namur ou Mont-Godinne", cite-t-il "et même 220 kilomètres entre Arlon et Bruxelles". Les transports en commun n'étant pas fréquents, les patients chroniques ont souvent besoin de ce système de voitures privées conduites par un chauffeur volontaire pour aller à leurs rendez-vous médicaux. Même s'il n'en parle guère, Jean-Marie Farinelle entend parfois les confidences des malades transportés dans sa voiture. "Ils ont besoin de parler", reconnaît-il.

Recueilli par Anne-Françoise de BEAUDRAP

Catégorie : Belgique

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