A l’aube des vacances, n’est-il pas urgent de s’interroger sur nos habitudes estivales? Est-il éthique de succomber à la tentation d’un voyage en avion, lointain et polluant? Nous invitant à nous inspirer de Jésus, Philippe de Briey, citoyen engagé sur les questions de paix et de dialogue, nous offre matière à réflexion.

Si je vous demande: êtes-vous d’accord que l’humanité se trouve devant un immense défi climatique planétaire? Vous répondrez sûrement oui, bien sûr.
Et pourtant, si vous recevez, comme moi tout récemment, dans une revue, une proposition de voyage (à Chypre par exemple) de 15 jours pour le prix incroyable de 249 euros, ne serez-vous pas tenté(e) de saisir l’occasion, même si vous savez qu’il vous en coûtera bien plus en réalité? Ce prix comprend: vol aller-retour + 7 jours de voyage culturel en car et hôtels climatisés, petits déjeuners compris, + 8 jours de détente dans un hôtel de luxe 5 étoiles en bord de mer. Total 1.249 euros. Merveille, on nous offre ce voyage de rêve pour 249 euros! Cadeau de 1.000 euros! « C’est enfin à nouveau possible! » est-il ajouté…
Comme dans le Titanic…
Ainsi va souvent la publicité, tentatrice trompeuse, d’ailleurs largement subsidiée avec nos propres impôts! Ce qu’on a pris soin de ne pas dire, c’est que ce voyage « de rêve » est à presque 3.000 km… et que donc un aller-retour à deux personnes émet au minimum 3.420 kg de CO2, ce qui équivaut à 60.000 km en voiture… De quoi y réfléchir à deux fois, n’est-ce pas? Faut-il vraiment aller si loin pour avoir de belles vacances? Ne sommes-nous pas parfois comme les passagers de première classe du Titanic qui ne se rendaient compte de rien pendant que la catastrophe était en cours? N’est-il pas grand temps de changer de modèle de bonheur?
Auparavant, on ne savait pas, mais aujourd’hui on sait… que les catastrophes qui nous attendent seront terribles: sècheresse et famine, inondations, ouragans, etc. porteront l’alimentation, les soins de santé, le logement, les déplacements à des prix que seule une minorité pourra payer. Cela va transformer, dans de très nombreux pays, la lutte pour la VIE (« struggle for life ») en déplacements massifs de population pour la SURvie. Beaucoup tomberont en route comme des mouches, sous le soleil du désert ou dans la mer ou sous les balles de la police ou dans des camps de détention ou des prisons surpeuplées. Ce qui se passe déjà prendra des dimensions effrayantes. Quant aux plus âgés et aux pauvres, ils mourront de famine ou de maladie, voire sous des bombardements impitoyables comme en Ukraine.
Nos gouvernements n’osent pas
Il est tellement tentant de fermer les yeux et de trouver tout cela exagéré. Or, ce ne sont là que les conséquences évidentes des prédictions climatiques du GIEC et il faudra bien revoir profondément le mode de vie de plus en plus coûteux auquel les dernières décennies nous ont habitués dans les pays développés: « Les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui sont en augmentation constante, doivent être divisées par deux d’ici 2030…«
Nos gouvernements n’osent pas exiger des plus riches la moindre taxe de solidarité, alors que nombreuses sont aujourd’hui les familles qui n’arrivent pas à se nourrir, se loger et se soigner correctement. Ils refusent aussi depuis des décennies d’augmenter le budget de la coopération au développement. Or, il est démontré que les premières victimes du dérèglement climatique sont les populations les plus pauvres, les femmes, les peuples indigènes… C’est d’autant plus injuste que les ¾ du CO2 ont été produits par nos pays riches.
Une foi crédible
Quelle incidence de tout cela au niveau religieux? Comme chrétiens, réfléchissons au message et à la vie de Jésus: « Malheur à vous les riches qui êtes repus et qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et les pleurs. » Lui-même « n’avait pas une pierre pour y poser sa tête« . Ne sommes-nous pas, dans nos pays développés, comme ce riche qui laissait à sa porte le pauvre Lazare tout affamé et couvert d’ulcères pendant que lui faisait chaque jour de brillants festins? « Pourquoi me dites-vous ‘Seigneur, Seigneur’ et ne faites-vous pas ce que je vous demande?« , s’exclamait Jésus, qui nous demande d’être le levain dans la pâte, le sel de la terre. Une foi crédible ne peut être une foi à bon marché, ne demandant aucun renoncement. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir« , disait Jésus.

Cet article provient du Journal Dimanche et vous est offert !
Vous souhaitez en découvrir davantage? Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be