Opinion – Comment se mettre à l’école des plus pauvres


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Opinion – Comment se mettre à l’école des plus pauvres
Par La rédaction
Publié le
4 min

L’attention aux plus petits se trouve au cœur du message évangélique. Mais comment, concrètement, nous mettre à leur écoute? Le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, pourrait être un bon guide. C’est en tout cas la conviction de Jean Tonglet, volontaire permanent au sein de ce mouvement depuis 1977, et auteur de cette opinion.

Le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde

Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits" (Lc 10, 21-24). Combien de fois n’avons-nous pas entendu ces paroles! Sans doute font-elles partie des textes et citations les plus connues, au même titre que les Béatitudes, ou que cette parole du Christ nous disant que "les derniers seront les premiers". Connues, archiconnues. Mais écoutées, et mises en pratique? C’est sans doute une autre affaire, un vrai défi, une telle révolution dans notre manière de penser, de réfléchir, d’écouter, de préparer l’avenir, de décider.

"Ecouter la voix des pauvres"

Le document préparatoire diffusé par le Vatican en vue du Synode sur la synodalité qui est en cours souligne à plusieurs reprises "l’importance capitale d’écouter la voix des pauvres et des exclus", thème sur lequel le pape François ne cesse d’insister. Dans La joie de l’Evangile, texte programmatique de son pontificat, il indiquait au paragraphe 198: "Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mysté­rieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux".
Comment passer alors des (bonnes) intentions aux actes? Comment nous mettre véritablement et authentiquement à l’écoute des plus pauvres, les prendre au sérieux, se mettre à leur école en les considérant comme des maîtres de qui nous avons à apprendre? Sur ce chemin escarpé et rempli d’obstacles, sur qui prendre appui?
Dans l’histoire de l’Eglise, les personnes qui ont cherché à rejoindre les plus pauvres et à les servir ne manquent pas. Reprenant une formule de Camille de Lellis, Vincent de Paul pouvait ainsi affirmer que "les pauvres sont nos maîtres". Plus proche de nous, au cœur du XXe siècle, un homme ayant vécu lui-même, dans son enfance et sa jeunesse, l’expérience de la pauvreté et de l’exclusion, a revisité cette formule et lui a donné une dimension nouvelle. Au début des années 1960, voilà comment il s’adressait aux volontaires qui l’avaient rejoint: "Nous disons ‘Les pauvres sont nos maîtres’ parce que, collectivement, ils nous disent des choses qui ont une importance capitale pour l’histoire de la société". Pour le père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement ATD Quart Monde, plus que des maîtres à servir, les plus pauvres sont des maîtres à penser, des maîtres en politique, en théologie, pour peu que nous prenions la peine de les écouter vraiment et de transcrire leurs idées, comme nous le faisons pour ceux que nous considérons à l’université ou ailleurs comme de véritables maîtres.

Des oreilles attentives

Mais comment écouter ces plus pauvres plongés dans le silence, le mutisme, ceux et celles que nous appelons parfois les sans-voix? Arrêtons-nous un instant sur cette idée. Sont-ils vraiment sans voix? Et ont-ils besoin que nous nous fassions nous-mêmes leur voix, la voix des sans-voix? Comme le disait le père Giacomo Costa lors d’une journée d’études organisée en janvier 2022 au Centre Sèvres à Paris, plutôt que de nous demander "qui ne réussit pas à se faire entendre", ne devrions-nous pas nous demander plutôt "qui avons-nous de la peine à entendre?", parce que nos oreilles ne sont pas attentives, croient trop vite avoir compris.
Sur ce chemin, l’expérience, la pensée, la pratique, la spiritualité du père Joseph Wresinski, s’offrent à nous comme un guide sûr, un point d’appui solide, qui nous permettra d’oser avancer dans cette direction d’une "Eglise pauvre, pour les pauvres", que le pape François nous invite à bâtir.

Une retraite pour se mettre en marche

"A l’école du plus pauvre": tel est le nom d’une retraite organisée du jeudi 30 juin (18h) au lundi 4 juillet (14h) au Centre spirituel Notre-Dame de la Justice de Rhode-Saint-Genèse. Monique et Jean Tonglet, volontaires permanents du Mouvement ATD Quart Monde depuis 1977, seront les prédicateurs de cette retraite organisée par les services Solidarité des Vicariats de Bruxelles et du Brabant wallon.

Participation aux frais : 200€.
Infos et réservation : info@ndjustice.be
02 358 24 60.

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