Ils s’appellent Etienne Van Billoen, Herman Cosijns, Jean-Luc Hudsyn, Jozef De Kesel, Guy Harpigny, Pierre Warin. Ils sont nés dans les années 1940. Dans un monde où Dieu relevait de l’évidence. Une époque où l’Eglise était encore au milieu du village. Dans les années 1960, jeunes adultes, ils suivirent le concile Vatican II avec passion. Puis ils assistèrent aux progrès fulgurants de la sécularisation. Plus tard, ils virent le Parlement belge voter des lois qu’ils n’auraient pas même imaginées du temps de leur jeunesse.
Au cours des deux dernières décennies, ces hommes ont occupé quelques-uns des postes les plus stratégiques de l’Eglise en Belgique. A présent, l’un après l’autre, ils vont se retirer. Leur bilan? Il est solide. Parmi d’autres, retenons ces trois éléments:
La lutte contre les abus. Stupéfiés par l’ampleur du phénomène, ils en ont été marqués à vie. Avec énergie, ils se sont battus pour mettre les victimes au centre, favoriser la transparence et faire en sorte que cela n’arrive plus jamais.
L’accueil de la sécularisation. Cette évolution, ils ne l’ont pas cherchée. Mais ils l’ont acceptée. Mieux: ils lui ont donné un sens. Ils ont ainsi montré que le passé ne devait pas être idéalisé. Que l’Eglise n’avait pas vocation à être hégémonique. Que les chrétiens étaient appelés à servir la société. Et que c’était bien ainsi.
La manière de faire. Leur mission, ils ont tâché de l’accomplir dans un esprit de concorde. Toujours, ils ont rejeté les extrêmes. On leur a parfois reproché d’être mous. Si leur attitude a sans doute eu un prix, elle a permis de cultiver le beau fruit de l’unité.
De nouveaux responsables seront bientôt attendus. Leur tâche est immense: il reviendra à une génération nouvelle de dessiner les contours de l’Eglise pour les prochaines décennies. La mutation sera profonde, des décisions difficiles devront être prises. Et il y a urgence!
Bien sûr, l’œuvre sera collective: dans un esprit synodal bien compris, chaque baptisé aura un rôle à jouer. Mais l’on aura aussi besoin de chefs. Capables de développer une vision, d’écouter, de trancher – tout en étant d’authentiques témoins de la joie de l’Evangile. C’est dire si les prochaines nominations, notamment au sein de la Conférence des évêques, seront capitales. Pour l’Eglise de Belgique, c’est un véritable momentum qui se profile.
Vincent DELCORPS