
Nous sommes dans une période de changement, mais en même temps, changer est très difficile ». Ces mots, c’est Emmanuel Van Lierde qui les prononce. Dans l’entretien qu’il accorde cette semaine à Dimanche, le rédacteur en chef de Tertio évoque la difficile transition à laquelle l’Eglise est confrontée. Dans nos régions, la société lui est (bien) moins favorable que par le passé. Le nombre de communautés dynamiques diminue. Les besoins sont énormes tandis que les forces s’appauvrissent. Et en même temps, alors que l’environnement change profondément, qu’il est difficile de rompre avec certaines habitudes du passé!
Qu’il est difficile de fermer une église.
Qu’il est difficile d’abandonner certaines missions.
Qu’il est difficile d’initier des chantiers nouveaux.
Serait-ce là une difficulté propre à l’Eglise? Certainement pas! Ne sommes-nous pas nombreux à vouloir faire davantage de sport? Lire un peu plus souvent? Aller moins tard au lit? Nous promener plus fréquemment? Et manger plus sainement?
Ce qui se vit individuellement se vérifie aussi collectivement. Nous le savons: nos modes de vie doivent changer. Parce que les ressources diminuent. Parce que les inégalités augmentent. Parce que la planète s’essouffle. Nous devrions consommer moins. Partager plus. Penser davantage au long terme. Et nous peinons à y parvenir.
Il y a tant de raisons de refuser le changement! De l’éviter. De le postposer. Elles ont toutes un point commun: la peur – peur de perdre, d’avoir moins, d’être moins heureux…
Le temps liturgique qui est le nôtre pourrait pourtant être un temps propice. Nous l’oublions trop souvent: l’Esprit Saint n’est pas seulement un Esprit d’amour et de vie, il est fondamentalement une force de changement. Il est « la force divine qui change le monde », a pu dire le pape François lors de la messe de Pentecôte 2018. Il prémunit contre « le vieillissement intérieur » et « libère intérieurement ». « Il fait marcher celui qui croit être arrivé. Il fait rêver celui qui est gagné par la tiédeur ». Et encore: « L’Esprit libère les esprits paralysés par la peur. »
Relisons les Actes: lorsque les apôtres reçurent l’Esprit, leurs peurs s’envolèrent et ils s’en allèrent vers de nouveaux horizons. Individuellement et collectivement, comment ne pas percevoir là un appel pour notre temps?