Avec le décès d’Artem Dymyd le 18 juin à Donetsk, c’est son père Michel qui se trouve sur le devant de la scène, lui qui est prêtre dans l’unité pastorale de Charleroi.

Actif dans l’unité pastorale de Charleroi, Michel (Mychajlo) Dymyd y occupe la fonction de prêtre auxiliaire, depuis le 1er octobre dernier. Il a obtenu l’autorisation de célébrer dans le rite latin, nous précise Daniel Procureur, vicaire épiscopal du diocèse de Tournai et par ailleurs responsable de l’UP de Charleroi. « Michel est très estimé. Tout comme son épouse, il dégage beaucoup de sympathie autour de lui. Depuis le début du conflit en Ukraine, chaque jour à 18h, il assure un temps de prière d’un quart d’heure, dans les deux langues (ukrainien et français). Comme ses parents sont venus travailler après la Deuxième Guerre, il est né à Charleroi, où il a d’ailleurs été à l’école primaire », nous confie-t-il. A l’annonce du décès d’Artem, l’un des deux fils Dymyd restés en Ukraine, Daniel Procureur constate l’émergence de « beaucoup de compassion dans la communauté ».

De retour en Belgique après avoir vécu des décennies à Lviv en compagnie de sa femme et de leurs quatre enfants, Michel Dymyd partage à présent son temps entre l’UP, où il assure notamment la célébration de messes, et les cours donnés par visioconférence à l’université de Lviv. Fils de mineur, ordonné à Lviv dans la cathédrale Saint-Georges en 1994, le Belgo-Ukrainien est donc revenu dans sa ville natale il y a quelques mois. Avec son épouse, il a, en effet, choisi d’accompagner sa maman qui y réside. Très investi dans la solidarité avec l’Ukraine, Michel Dymyd collecte des dons et des colis pour les expédier dans sa patrie en guerre. Reparti là-bas à l’annonce du décès, c’est lui qui assurera, le 21 juin, l’office des funérailles de son fils Artem.
Un témoin de l’actualité religieuse
En 2001, le père Dymyd répondait aux questions de l’Agence de presse internationale catholique (APIC) à propos du voyage du pape Jean-Paul II en Ukraine. De lui, on retenait alors son rôle influent en faveur de l’académie de Théologie de Lviv, « qui forme chaque année, depuis sa réouverture en 1994, quelques 1200 étudiants en théologie et en philosophie. Le Belgo-ukrainien de Charleroi fut, au début des années 90, la cheville ouvrière de «Radio Voskresynnia» (Radio Résurrection), la première radio catholique d’Ukraine. Docteur en droit canon oriental – son père, travailleur forcé déporté en Allemagne durant la guerre, a été ensuite mineur de fond en Belgique – M. Dymyd a choisi il y a une dizaine d’années de retourner dans sa patrie pour y vivre. Il est marié avec une peintre d’icônes de Lviv. » Dans cet entretien, il confiait notamment son refus d’une russification de l’Eglise, l’importance de l’œcuménisme et la valeur de la langue ukrainienne.
Angélique TASIAUX