La ministre en charge du Patrimoine, Valérie De Bue, a rendu sa décision et suspend l’arrêté de démolition de l’église du Saint-Sacrement pris par la ville de Binche. L’édifice religieux désacralisé du XVIIIe siècle ne disparaîtra pas de la vie locale.

Valérie De Bue (MR) disposait de quatorze jours pour réagir à l’arrêté de démolition pris le 17 juin, soit une semaine après l’incendie. C’est donc chose faite depuis le 29 juin.
Des membres de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles – cinq ingénieurs dont un expert en stabilité – se sont rendus à Binche le 20 juin. Le communiqué émanant de la ministre en charge du Patrimoine explicite que leurs conclusions « portant sur la stabilité de l’édifice et rédigées par plusieurs ingénieurs se sont révélées très éloignées de celles de l’étude commandée par la Ville de Binche. »
En outre, afin d’étayer le rapport remis par la ville, une contre-expertise a été sollicitée par la ministre auprès d’un bureau d’ingénierie en stabilité. Réalisée par Servais Engineering Architectural, celle-ci établit que l’absence actuelle de toiture « n’a pas d’incidence sur la stabilité d’ensemble à court terme. Seule la charpente a disparu, mais les voûtes, arcs doubleaux, tirants métalliques et murs gouttereaux sont quasi intacts… » Un avis proche de celui de l’analyse rendue par l’Agence wallonne du Patrimoine : « Sur base de la situation actuelle (valeur patrimoniale restante), l’église ne peut être déclassée ».
Des dissensions locales
Du côté de l’opposition, Etienne Piret, libraire et conseiller communal (Union) à la ville de Binche, s’était insurgé contre la démolition annoncée par le bourgmestre Laurent Devin (PS), soulignant que l’intérieur de l’édifice n’avait pas été la proie des flammes et que les boiseries étaient intactes. Après avoir eu accès au rapport de stabilité établi par un bureau d’architecture des environs, il rapportait qu’« aucun risque pour la stabilité du chœur n’est à déplorer, même s’il est à protéger rapidement ! Vu l’état de l’édifice, le feu a précipité les événements. » Qu’il s’agisse d’une démolition totale ou partielle, voire d’une réhabilitation complète de l’édifice, « la ville va payer dans tous les cas de figure. Entre payer et n’avoir rien, le choix est vite posé », estimait encore ce passionné d’histoire locale.
Un consensus patrimonial
La ministre De Bue se réfère aux recommandations des experts, dont le rapport Servais Engineering Architectural du 28 juin qui suggère « qu’une toiture métallique soit construite sur une poutre de ceinture en béton installée sur la tête du mur actuel ». Afin de faire face aux impératifs financiers de la ville de Binche, Valérie De Bue propose une intervention « à hauteur de 50 % dans la réalisation de ces travaux en soutenant des mesures d’urgence conformément au Code du Patrimoine ». Toujours selon le rapport Servais Engineering Architectural, le coût des trois postes principaux – à savoir le placement d’une toiture, d’une ceinture en béton et la stabilisation du pignon de l’édifice – est évalué au montant de 300.000 euros. « L’intervention de la Région s’élevant à 50 %, la Ville de Binche ne dépasserait donc pas le budget qu’elle s’était fixée pour la démolition de l’église », précise encore la ministre De Bue.
Angélique TASIAUX
Communiqué de presse de la ministre en charge du Patrimoine du 29 juin 2022
https://www.cathobel.be/2022/06/a-binche-un-incendie-deglise-annonce-sa-destruction/