Sur son blog personnel, l'abbé Benoît Lobet évoque les motivations qui amènent certains chrétiens à se rendre à telle ou telle messe. Comme si la messe était un spectacle dont on aime les acteurs...
De mon père, paysan hennuyer qui avait dans sa vie vu passer bien des drames - dont cinq années de captivité en Allemagne entre 1940 et 1945 - me reviennent souvent des formules de sagesse, qui me semblent intemporelles et tellement justes que je peux les appliquer à ce que je vis, ici, à Bruxelles. Ainsi, ce précepte : "On n'va né à messe pou' l'curé", entendez, traduit du wallon : "On ne va pas à la messe pour le curé!" Si on allait à la messe "pour le curé", on irait à la messe comme on va au théâtre, préférant tel acteur à tel autre, telle mise en scène à telle autre, etc. Mais la messe n'est pas un spectacle, elle est une liturgie et tous les participants - à commencer par le premier d'entre eux, le peuple de Dieu assemblé - sont en quelque sorte pris et enveloppés dans une action qui les dépasse.
De la diversité vient la richesse de la foi
Je dis ceci d'autant plus volontiers qu'il m'arrive souvent d'être "félicité" pour "mes" messes, comme si j'avais bien rempli mon rôle. Chacun fait ce qu'il peut, certes, mais je trouve qu'il ne faut pas ainsi applaudir les intervenants d'une liturgie. Les prêtres sont interchangeables, leur personnalité compte finalement peu, c'est leur ordination qui est un sacrement de la présence du Christ Pasteur. Et ici, à Bruxelles-Centre, nous bénéficions du concours amical et actif de prêtres de toutes sortes d'origine - comme est multiple, aussi, dans sa diversité culturelle, l'origine des fidèles. Je remercie mes confrères, du Congo, du Liban, de la Pologne, d'Amérique du Sud, d'ailleurs encore, d'apporter leur participation à l'évangélisation de cette Capitale ouverte à tous les vents. Chacun apporte avec lui son héritage et sa sensibilité - et de là vient la richesse de notre foi!
✍️ Abbé Benoit Lobet, curé-doyen de Bruxelles Centre
(intertitre et photo: Cathobel)