Opinion – Prier pour la paix, mais comment ?


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Opinion – Prier pour la paix, mais comment ?
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Il y a des situations où on risque de douter de l’efficacité de la prière. La guerre en fait partie, et plus particulièrement, cette invasion de l’Ukraine qui a ramené la guerre en Europe.

Je dois vous avouer que je me sens démuni par rapport à cet acte ignoble du nouveau « tsar » de la Russie, Vladimir Poutine. Prier, oui ! Je l’ai fait ce dimanche avec mes communautés paroissiales. Mais pour demander quoi exactement ? Que Dieu parle au cœur de ce potentat pour qu’il prenne conscience de la souffrance qu’il inflige à des millions de personnes, pour qu’il comprenne que la menace nucléaire dont il se sert dans ses discours nous rapproche fameusement de l’abîme d’une guerre dans laquelle il n’y aura plus de vainqueur, puisqu’il n’y aura plus d’humanité… Que Dieu donne force, consolation et espérance à ceux qui sont touchés directement par les effets des agressions russes… Que les forces du mal soient chassées grâce au retour de la raison et, encore mieux, de la charité !

A propos « forces du mal » : j’ai été choqué ces jours-ci par les affirmations du patriarche Kirill, primat de l’Eglise orthodoxe russe. Prudent tout au début de la guerre en Ukraine, il a qualifié dimanche passé ceux qui luttent contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine de « forces du mal ». Comme le président Poutine, Kirill est animé par la puissance de la Russie et la grandeur de son Eglise : « Que le Seigneur préserve la terre russe, dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie » a-t-il affirmé dans une homélie. Kirill n’a d’ailleurs jamais hésité à justifier la répression policière des manifestations d’opposition ou à bénir les armes et les guerres de Moscou à l’étranger. En 2012, il a qualifié M. Poutine de « miracle de Dieu ».

D’un seul coup, des dizaines d’années d’efforts œcuméniques semblent voler en éclats. Mais je sais aussi que tous les chrétiens orthodoxes se réclamant de la tradition russe ne sont pas nécessairement d’accord avec ces discours politiquement engagés. Dans de nombreux monastères et paroisses des pays à l’est de l’Europe, on prie pour la paix, se rappelant que les valeurs de l’Evangile sont incompatibles avec la bénédiction des canons et la glorification d’un dictateur.

Heureusement, les catholiques (et aussi les autres Eglises chrétiennes) entrent en Carême ces jours-ci. A Liège, Mgr Delville et le chapitre cathédral invitent à une soirée de prière pour la paix ce mercredi 2 mars, début officiel du cheminement vers la Résurrection. Elle sera animée entre autres par le Père Mikhaylo Shevtsov, administrateur de la communauté gréco-catholique ukrainienne de rite byzantin.

Carême : temps de conversion, de résistance aux tentations, de retour aux valeurs essentielles du message du Christ. Comme je voudrais que les chefs religieux et politiques des pays impliqués dans cette guerre désastreuse se laissent toucher par cette démarche de réconciliation, de remise en question personnelle et de vrai partage !

Voilà des choses que nous pouvons demander dans notre prière en faveur de l’Ukraine !

Bon carême à chacune et chacun !

Ralph SCHMEDER,
responsable du service de Presse du diocèse de Liège

Opinion publiée dans la newsletter du mois de mars 2022 du diocèse de Liège.


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