François devrait se rendre en République démocratique du Congo (RDC) cet été. Mgr Georges Jacob Koovakad vient de finir un séjour de prospection à Kinshasa. Le prélat indien précise ainsi les contours d’une visite apostolique très attendue par le gouvernement ainsi que par la Conférence épiscopale.
Janvier 2020. Félix Antoine Tshisekedi est au pouvoir depuis une année seulement et semble, à en croire les images et les larges sourires, heureux de rendre visite au chef de l’Eglise catholique. Au cours de ce tête-à-tête, il demande avec insistance au pontife "de se rendre au Congo où le peuple de Dieu attend impatiemment une visite apostolique". Mi-août, lors d’un échange avec le nonce apostolique, Mgr Ettore Balestrero, sur la crise politique que connaît le pays, Tshisekedi réitère son invitation à François. Ce à quoi le pape semble vouloir donner finalement une suite. La semaine dernière, l’équipe chargée de préparer les voyages pontificaux s’est rendue à Kinshasa où, entre plusieurs séances de travail sur les questions de sécurité, elle a évalué plusieurs aspects de cette visite qui devrait intervenir "avant septembre". La Conférence épiscopale veut avoir l’exclusivité de l’annonce d’ici fin février.
L’arsenal des voyages pontificaux se met en place
La dernière semaine du mois de janvier aura été active pour le nonce apostolique. Mgr Ettore Balestrero a reçu une délégation du Vatican à Kinshasa. L’équipe menée par Mgr George Jacob Koovakad en charge depuis septembre dernier des voyages du souverain pontife, a évalué les risques sécuritaires d’un tel déplacement, "du point de vue sécurité et santé, intégrant la pandémie de Covid-19" a précisé à CathoBel un membre de la délégation. C’est la raison pour laquelle une rencontre a eu lieu avec Eteni Longondo. Le ministre de la Santé qui est par ailleurs médecin n’a trouvé "aucune conséquence en lien avec la pandémie" à une telle visite. La sécurité a été passée au crible avec le ministre de la sécurité, et sous la coupole du Premier ministre qui a reçu, du chef de l’Etat depuis le début de l’année, "les consignes de faire du séjour préalable une réussite" selon plusieurs sources concordantes à la présidence. L’équipe a aussi été reçue par le président de la Conférence épiscopale avant de quitter le pays fin janvier, se disant "satisfaite".
Quand le pape mettait la pression sur Kabila
Dès le début de son pontificat, le pontife romain avait exprimé son désir de se rendre dans l’ex Zaïre, sanctuaire du catholicisme en Afrique avec ses 40 millions de catholiques. En 2017 et 2018, une visite apostolique avait été évoquée avant que le pape la reporte, par deux fois, pour mettre la pression sur le président Joseph Kabila qui hésitait, au terme de son second mandat, à quitter le pouvoir. Après la présidentielle de 2018, le nouveau président en a évoqué la possibilité avec le nonce apostolique ainsi qu’avec le défunt cardinal Monsengwo, très proche du pape argentin. Mgr Donatien N’sholé, secrétaire général de la Conférence épiscopale et récemment fait chapelain du pontife a confirmé à CathoBel que les évêques ont formellement invité l’évêque de Rome "à se rendre à Kinshasa". Une invitation confirmée par le président Félix Tshisekedi notamment en janvier 2020 lors de sa première visite officielle au Vatican.
Tshisekedi, un protestant proche du Saint Siège
Bien qu’en ce qui concerne le processus de désignation du président de la Commission électorale en octobre dernier, il a préféré se rallier aux Eglises de réveil pour imposer son choix au détriment de l’Eglise catholique, le président congolais entretient une forte proximité avec le Saint Siège. Aussitôt que la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a voulu échanger avec lui sur la situation politique et sociale du pays en novembre dernier, il a reçu, très rapidement Mgr Marcel Utembi qui en est le président, avec sa délégation. Depuis son arrivée au pouvoir, Félix Antoine Tshisekedi s’est rendu pas moins de deux fois au Vatican. Mi-janvier 2020, un an après son élection (pourtant contestée par l’Eglise, qui avait déployé plus de 40 000 observateurs lors du scrutin), il a rendu une première visite au pape. Trois mois plus tôt, il était dans la ville sainte pour participer, avec son épouse, à la remise des insignes cardinalices à Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa créé cardinal en octobre 2019 par François.
Pays le plus catholique du continent, le Congo compte 41 diocèses et 6 archidiocèses, plus de 5000 prêtres. 70% des écoles et hôpitaux y sont aussi catholiques.
Max-Savi CARMEL