Les réseaux sociaux offrent des moyens technologiques très puissants pour relayer le message du Christ et de l’Eglise. Mais avec certains risques… Joe Olsen, diplômé de philosophie à l’UCLouvain, nous rappelle donc deux choses fondamentales: croiser les sources, lire et étudier les Textes. Sans oublier que le meilleur moyen de communiquer reste encore la rencontre en chair et en cœur.
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Le 5 juillet 2018, le pape François proclamait Carlos Acutis – un jeune Italien décédé à l’âge de 15 ans d’une leucémie fulgurante – Vénérable pour l’Eglise catholique. Rapidement, les médias s’emballeront et le monde fera la connaissance de ce jeune garçon (béatifié en 2020) déjà surnommé le « cyber-apôtre ». De fait, la génération Y est présente au monde mais peut également se rendre présente pour l’Eglise dans son annonce de l’Evangile.
Ces dernières années, de plus en plus de prêtres et de laïcs ouvrent des chaînes Youtube, des comptes Instagram (le Pape lui-même ouvre le sien en 2016) ou TikTok sur lesquels ils proclament leur foi. Mais que penser de ce « réseau-socialisation » de la prédication? Comment reconnaître la prédication en accord véritable avec l’Eglise et celle s’éloignant parfois de manière habile de la doctrine officielle de l’Eglise?
Nous voudrions proposer ici un regard chrétien et jeune sur cet investissement technologique au service du message du Christ en soulignant la joie de voir que le message de l’Eglise continue de trouver de nouveaux lieux de propagation tout en mettant en garde sur une mauvaise compréhension des Textes ainsi que sur une utilisation contre-productive de la technologie dont nous disposons aujourd’hui.
Une agora contemporaine
Les réseaux sociaux sont une agora contemporaine. Chacun peut y aller de son avis, de son petit commentaire. Ainsi, ce qui se disait auparavant dans un cadre privé (chez soi) ou restreint (le café du coin) s’offre maintenant au monde pour le meilleur et pour le pire.
Je fais partie de cette génération qui a grandi le GSM à la main. J’ai reçu mon premier GSM en 2002, à l’âge de six ans. Je ne vois donc pas la technologie comme un ennemi ou comme quelque chose d’exotique mais bien comme un outil de fonctionnement indispensable à notre société contemporaine. Indispensable certes, mais pas unique. La technologie offre un canal de communication supplémentaire mais ne remplacera pas l’ensemble des modes classiques de communication, à commencer par le plus évident: la rencontre. Car il n’y a rien de plus authentique que la rencontre en chair et en cœur.
Cependant, nous n’avons ni une vision angélique de la technologie ni une vision réductrice de nos interactions sociales. Non. Nous voudrions tout simplement faire preuve de discernement dans notre jugement où la technologie n’est ni le nouveau veau d’or ni le mal numérisé.
Ne pas oublier les fondamentaux
Nous voudrions donc rappeler l’importance de deux choses fondamentales: croiser les sources et lire et étudier les Textes.
Croiser les sources, qui sont le b.a.-ba de toute attitude critique vis-à-vis des informations dont nous sommes presque submergés aujourd’hui. Nous vivons dans une ère d’ »infobésité » pour reprendre le terme de l’écrivaine Virginie Despentes. Il est donc nécessaire de « dégraisser l’information » qui nous parvient, de trier pour pouvoir ainsi vérifier si celle-ci est bien correcte ou si elle n’est tout simplement une fausse information.
Lire et étudier les Textes car ce n’est qu’en se confrontant aux Textes canoniques de base que nous pourrons véritablement être en mesure de juger ce qui est raconté dans telle vidéo sur Youtube, dans telles stories sur Instagram ou dans telles vidéos TikTok. L’interprétation d’autrui ne suffit pas. Nous devons nous-mêmes faire l’effort de lire et d’interpréter les Textes qui ont été perpétués et de vérifier qui nous parle dans telle vidéo ou dans telle publication. Pour cela, les écrits de Pères de l’Eglise ainsi que des Docteurs peut nous être d’une grande aide. N’oublions pas la Tradition. Nous devons donc ainsi garder le cœur ouvert à l’accueil de la Parole de Dieu tout en gardant notre esprit critique de la parole des hommes. Les charlatans ne sont pas que de faux médecins. Ils sont aussi de faux prédicateurs.
La prédication a pris le chemin de la technologisation. Cette technologisation est une grande opportunité pour annoncer le message de l’Evangile. Nous nous en réjouissons! Car l’histoire de la prédication est l’histoire toujours renouvelée de nouvelles opportunités de transmission. Mais n’oublions pas que ce chemin n’est pas le seul et l’unique. Ainsi, ne cédons ni à un fanatisme technologique, ni à un fanatisme apologétique.

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