Derek Chauvin est en prison, il est reconnu coupable du meurtre de Georges Floyd, le 25 mai 2020 à Minneapolis. Ce jugement représente un « tournant historique », comme l’ont souligné les hommes et femmes politiques ainsi que de nombreuses personnalités religieuses des Etats-Unis. Il reste à attendre de connaître la peine encourue par cet ancien policier. Même si ce jugement ne ramène pas Georges Floyd à la vie, le prononcé de la peine, qui pourrait aller jusqu’à quarante années de prison, rendra un peu justice à sa mémoire et à sa famille.
Georges Floyd, ce nom restera dans l’Histoire et dans la mémoire des Américains comme le symbole de la violence injustifiée contre une personne noire, le tout sous les yeux de nombreux témoins, dont plusieurs policiers. « Il l’avait cherché… », dirent certains, « ce dealer de drogue », osèrent des internautes. La personnalité ou le passé trouble d’un homme ou d’une femme ne devrait jamais être évoqué pour justifier des faits de violence allant jusqu’au meurtre. La vie est sacrée, quels que soient l’âge, l’opinion ou… la couleur de peau.
Georges Floyd vient s’ajouter à une triste liste de victimes de violences injustifiées, issues de groupes minoritaires. En Belgique, par exemple, un jeune homme noir de 29 ans a été tué le 7 mai 2018, lors de ce qui devait être l’expulsion de son appartement. Aujourd’hui encore, les proches de Lamine Moïse Bangoura demandent justice en son nom.
Aux Etats-Unis, les évêques ont souligné que « la mort de George Floyd a mis en lumière et amplifié le besoin profond de voir le caractère sacré de toutes les personnes, en particulier celles qui ont été historiquement opprimées ». Mgr Bernard Hebda, l’évêque de Minneapolis, s’est aussi exprimé pour que « l’Eglise catholique s’engage à changer les cœurs et les esprits des gens […] pour trouver des solutions pratiques et non violentes aux problèmes quotidiens rencontrés dans les communautés ». Derek Chauvin n’est pas le seul coupable. Notre propre regard, souvent plus critique envers ceux qui sont différents, mérite d’être examiné. Que voyons-nous dans l’homme, la femme ou l’enfant qui nous sont étrangers? Et si nous considérions chacune et chacun comme un proche, un frère et une sœur en humanité?
Anne-Françoise de BEAUDRAP