L’autorité de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi contestée


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L’autorité de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi contestée
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
4 min

A l'initiative de l'université de Münster, quelque 200 théologiens et professeurs du monde germanophone ont, ce lundi, explicitement pris distance avec la déclaration (NDLR: il s’agit du 'responsum') de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Celle-ci interdit la bénédiction par l'Eglise des unions homosexuelles.

Selon des professeurs d'université germanophones, un dialogue ouvert ne peut se conclure par une parole de pouvoir. Cela affecte en outre le magistère, c'est-à-dire l'autorité [de la Congrégation].

Cette réaction intervient peu après que les cardinaux Peter Turkson et Sean O'Malley aient explicitement soutenu le 'responsum' de la Congrégation. Le cardinal américain O'Malley, archevêque de Boston et membre du conseil consultatif des cardinaux du pape François, a reconnu que la mission de l'Eglise est d'être proche des gens. "Mais elle a également pour tâche de défendre l'enseignement très clair de l'Eglise sur le sacrement du mariage", a-t-il précisé. Le cardinal Turkson, préfet du Dicastère pour la Promotion du Développement Humain Intégral, a également réagi de manière similaire.

Rejet explicite du 'responsum'

Les 200 professeurs germanophones reprochent aux responsables de la Congrégation "un manque de profondeur théologique et de compréhension herméneutique" et les accusent "d'entêtement argumentatif". Selon eux, la déclaration ignore "les connaissances scientifiques" et la Congrégation a réussi à saper d'un seul coup de crayon "sa propre autorité". Les professeurs lui reprochent "un sentiment paternaliste de supériorité" et qualifient certains passages de la déclaration de carrément discriminatoires à l'égard des homosexuels et de leur mode de vie.

"Nous partons du principe que la vie et l'amour des couples homosexuels ne sont pas moins dignes de Dieu que la vie et l'amour de tout autre couple."

Dans les cercles du Vatican, la semaine dernière, de sérieuses réserves ont également été exprimées sur la manière dont le 'responsum' a été formulé. En principe, une déclaration doctrinale aussi importante est précédée d'une vaste consultation, alors que ce texte n'a manifestement été rédigé que par une poignée de personnes. Il n'a pas non plus été présenté à d'autres dicastères afin qu'ils aient l'occasion d'exprimer leurs réserves et leurs compléments, car il ne s'agit pas d'une simple question doctrinale. Les auteurs craignent également que le texte ait été soumis au pape François, juste avant son départ pour l'Irak, au dernier moment. A tout le moins, cela donne l'impression que certains tentent de mettre le pape François devant le fait accompli; alors que, depuis le début de son pontificat, il a fait plusieurs pas en direction de la communauté homosexuelle

L'évêque Johan Bonny d'Anvers, loué pour son courage et dont les récentes déclarations ont trouvé un écho mondial, a également souligné dimanche dernier, sur le service de radiodiffusion publique VRT, que, malgré certains points positifs du texte, il y a un manque général de sensibilité pastorale. Il a également attiré l'attention sur le fait que le 'responsum' n'a pas été soumis à d'autres dicastères, congrégations ou conseils. Il a réitéré son appel à un dialogue ouvert, honnête et respectueux, prêt à prendre en compte les sensibilités des homosexuels, de leurs familles et de leur entourage.

Réactions informelles du pape

Par ailleurs, nos confrères de Cath.ch relèvent que le pape François "privilégie une communication informelle" sur le sujet. "Ces derniers jours, le pape François a laissé entendre à la presse qu’il n’avait pas apprécié la réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) publiée le 15 mars 2021, qui s’oppose à la bénédiction des couples homosexuels. Par ailleurs, il a critiqué publiquement à deux reprises en une semaine le pharisianisme existant au sein de l’Eglise. Ces deux modes d’expression semblent dessiner une communication informelle.

[…] Officiellement, le pape François a "consenti" à la publication du texte que lui a "soumis" le secrétaire de la CDF, le théologien Mgr Giacomo Morandi. Pour autant, plusieurs journalistes ont depuis quelques jours laissé entendre que le pape François n’approuvait pas le ton du document de l’ancien Saint-Office.

[...] Insistant sur le fait que "la seule connaissance des principes théoriques ne suffit pas", le pontife leur a demandé à sortir de "la formulation de principes, de normes" pour adopter une attitude plus pastorale et évangélique. De sorte qu’on pourrait interpréter ainsi la critique que le pontife n’a pas explicitement formulée: il ne critique pas le fond de la note – qui n’est en rien nouveau, comme l’ont affirmé plusieurs proches cardinaux de la Curie ces derniers jours – mais son style légaliste qui s’opposerait au "radicalisme évangélique" qu’il appelle de ses vœux.

NG avec différentes sources (Vaticannews.va/KNA/Crux/America via Kerknet et Cath.ch)

Lire l'intégralité de l'article de cath.ch

 

Pour plus d'infos: la semaine dernière, Cathobel a interviewé Mgr Bonny qui a été parmi les premiers à réagir.


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