« Pour moi, les gens sont en recherche. » Telle est, en substance, la conclusion d’un médium ayant vu sa clientèle doubler depuis le début du deuxième confinement. Et dans le monde de l’ésotérisme, il n’est pas le seul à faire ce constat: voyants qui croulent sous les rendez-vous avec un public inhabituel, nette augmentation des ventes de tarots dans des boutiques spécialisées, recours à des thérapies parallèles…
Le phénomène est frappant et interroge. Si le mode de vie moderne a entraîné, depuis longtemps, une perte de repères stables susceptible de provoquer toutes sortes d’anxiétés, la pandémie de Covid-19 et le confinement ont généré un sentiment de perte de contrôle sur notre propre vie, une absence de perspectives quant à notre avenir, une perte de sens accentuée. Le recours à des pratiques telles que la voyance, la cartomancie ou l’astrologie répond à un mal-être psychique, mais bien davantage encore spirituel.
La recherche de sens et de spiritualité, déjà bien présente dans nos sociétés depuis plusieurs décennies, atteint aujourd’hui un pic. Le fait que, pour trouver des réponses à ce besoin vital, de plus en plus de personnes se tournent vers l’ésotérisme, doit nous interpeller en tant qu’Eglise, mais aussi en tant que croyants « individuels ». Pourquoi, alors que la foi chrétienne offre une réponse à la quête de l’humanité, nos sociétés d’Europe occidentale n’entendent-elles pas cette réponse, et cherchent-elles des portes de sortie de la désespérance dans des voies sans issue? « O vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux, même celui qui n’a pas d’argent, venez (…). A quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, votre labeur pour ce qui ne rassasie pas? » (Is 55, 1-2). Ces quelques versets sont d’une actualité fulgurante, mais pourquoi ce message de Dieu ne passe-t-il pas auprès d’une majorité de nos contemporains?
Les causes du décalage entre, d’une part, la question existentielle, spirituelle des hommes et des femmes de notre temps – sans oublier les jeunes –, et d’autre part, la réponse qu’offre la voie chrétienne sont multiples et connues. Le remède, quant à lui, ne semble pas encore avoir été trouvé. Sans doute celui-ci doit-il également être multiple. Une dimension de ce remède est que nous découvrions, approfondissions et vivions ce qui fait l’essentiel de la spiritualité chrétienne, pour pouvoir en rayonner autour de nous: la Vie nouvelle donnée dans la Pâque du Christ, que nous nous apprêtons à célébrer.
Christophe HERINCKX