Lors des manifestations du 28 février 2021, une religieuse catholique est descendue dans les rues de la ville de Myitkyina, la capitale de l'État de Kachin, au nord du Myanmar. Elle a demandé aux forces de sécurité de ne pas tirer sur les jeunes qui manifestaient pacifiquement.
"L'action de la religieuse et la réaction de la police qui, en voyant l'appel de celle-ci, s'est arrêtée, a surpris beaucoup d'entre nous. Sœur Ann Nu Thawng est aujourd'hui un modèle pour les dirigeants de l'Église: les évêques et les prêtres sont appelés à sortir de leur zone de confort et à suivre son courage comme exemple", indique à l'agence Fides Joseph Kung Za Hmung, le rédacteur en chef du Gloria News Journal, le premier journal catholique en ligne de Birmanie.
De nombreux non-catholiques ont également salué le courage de Sœur Thawng, de la Congrégation de St. François Xavier dans le diocèse de Myitkyina, dont la photo sur les médias sociaux a été virale. "Plus de 100 manifestants ont pu trouver refuge dans son monastère. Cela leur a évité des passages à tabac brutaux et des arrestations par la police", précise Joseph Kung Za Hmung.
Dure répression policière
Soeur Ann Nu Thawng est devenue l'héroïne du 28 février dernier, qui a été marqué par une dure répression de la police birmane qui, selon les Nations Unies, a ouvert le feu, tuant 18 personnes et en blessant plus de 30 dans tout le pays.
"Dans la région de Myitkyina, les manifestations ont jusqu'à présent toujours été pacifiques et sans incidents. Cependant, les épisodes de violence de dimanche risquent de précipiter la situation", ajoute le journaliste. De nouveaux rassemblements, réprimés par la police, ont eu lieu le 1er mars dans plusieurs villes du pays, après une sévère répression des manifestations la veille par l'armée.
Dans plusieurs quartiers de l'ancienne capitale Rangoun, la police renforcée par des éléments de l'armée a tiré à balles réelles après avoir échoué à disperser la foule avec des grenades assourdissantes, du gaz lacrymogène et des tirs de sommation.
"Etat d'urgence" d'un an
En 2015, le Myanmar, précédemment appelé Birmanie, a organisé ses premières élections libres depuis des décennies, qui ont abouti à la victoire de Aung San Suu Kyi. Beaucoup ont salué son élection comme une étape remarquable vers l'établissement d'un système démocratique solide au Myanmar, qui de 1962 à 2011 a vécu sous un régime militaire.
L'armée birmane a pris le pouvoir le 1er février dernier par un coup d'État, déclarant un "état d'urgence" d'un an, après avoir arrêté Aung San Suu Kyi, conseillère d'Etat et leader du parti de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Les militaires justifient leur coup d’Etat en accusant Aung San Suu Kyi et son parti de ne pas avoir enquêté sur les allégations de fraude électorale lors des élections de novembre 2020, que le parti de la LND a remportées à une écrasante majorité.
(cath.ch/fides/ag/bh)