Dimanche dernier, le pape François a instauré une Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, qui sera désormais célébrée chaque année, dans toute l’Eglise, le quatrième dimanche de juillet. François veut ainsi rappeler le rôle essentiel des anciens qui, trop souvent oubliés, peuvent transmettre aux jeunes la richesse de leur expérience et de leur foi.
Cette appel du pape semble contraster avec la prise de conscience, chez nous, que les jeunes ont été souvent oubliés depuis le début de la pandémie. Privés d’activités depuis de longs mois, de plus en plus d’adolescents manifestent aujourd’hui des troubles dépressifs, selon le témoignage des professionnels de la santé mentale.
A mesure que la crise sanitaire se prolonge, les médias mettent tour à tour en lumière les différents groupes sociaux qui souffrent particulièrement de la situation: le personnel soignant que menace le burnout, les personnes âgées qui dépérissent dans les homes, les travailleurs de l’Horéca, les métiers de contact, les familles précarisées, les jeunes…. Toutes proportions gardées, aucune "catégorie" n’échappe en réalité aux conséquences du coronavirus. Mais à chaque restriction sanitaire décidée par les autorités, c’est l’une ou l’autre, ou plusieurs de ces catégories qui risquent d’être laissées au bord du chemin, d’être sacrifiées au profit du plus grand nombre.
On comprend bien sûr les dilemmes des autorités politiques, qui tentent d’endiguer la propagation du coronavirus par des décisions qui impacteront le moins de personnes possibles, mais au risque d’en sacrifier inévitablement un certain nombre.
Dans certains pays, comme l’Australie, une stratégie différente a été adoptée, qui semble aujourd’hui porter ses fruits: un confinement strict mais limité dans le temps, avec pour résultat une "libération" rapide de la société dans son ensemble. Une telle stratégie, soigneusement préparée et mise en œuvre, ne serait-elle pas envisageable chez nous aussi? La question mérite peut-être d’être posée. Une telle politique permettrait peut-être d’éviter de sacrifier certains groupes au profit de la majorité. Mais elle impliquerait nécessairement une solidarité effective de toutes et tous, pour que toutes et tous puissent reprendre, au plus vite, leurs activités tant sociales qu’économiques.
Christophe HERINCKX