Le drame des migrants (lire page 3) reste l’une des actualités les plus douloureuses de notre époque. Hélas, la crise liée au Covid-19 a occulté cette thématique dans les médias. Il aura fallu l’incendie du camp de Moria sur l’île de Lesbos en Grèce, pour que la tragédie vécue par des milliers de gens se rappelle à nous.
Souvent, même dans le monde chrétien et catholique, des voix s’élèvent contre le fait que les Etats, notamment européens, accueillent ces personnes vivant dans la plus grande fragilité et dans le dénuement le plus complet. Certains y voient une « invasion » qui nous ferait perdre à terme nos racines, nos valeurs et nos modes de vie. A-t-on songé que ces gens fuyant leur pays ne l’ont pas fait de leur plein gré? Tout quitter pour sauver sa vie est une épreuve terrible, un déchirement. Cherchons-nous à comprendre pourquoi des enfants mineurs non accompagnés tentent de survivre dans ces camps? Durant la Seconde Guerre mondiale, nombreux ont été les enfants juifs que leurs parents ont poussés à fuir pour se cacher afin d’échapper aux camps d’extermination nazis. Quelle douleur doit-être celle de ces parents qui voient leur famille brisée et leur progéniture courir tous les dangers, pour avoir une vie sauve et meilleure!
Parce que le camp de Moria était loin, très loin, d’être un « palace ».
Y vivre, c’était côtoyer l’enfer quotidiennement. Au total, quelque 13.000 femmes, hommes et enfants s’entassaient dans ce camp, prévu pour accueillir 5.000 personnes. Moria, c’était avant l’incendie, un robinet d’eau potable pour… 2.200 personnes! Ou encore une toilette pour 100 personnes! En clair un non-respect flagrant de la dignité humaine.
La honte vient de ce que nos gouvernements sont frileux à l’idée d’accueillir ces migrants. Au moment d’écrire ces lignes, notre pays a accepté de recevoir sur son territoire… douze enfants non accompagnés! Et peut-être entre 100 et 150 adultes! Certes, on examinera toute demande qu’émettrait la Grèce. Est-ce le fait qu’on est en période de formation d’un gouvernement et qu’il ne faut pas donner du grain à moudre aux extrêmes pour arriver à ce genre de proposition indécente?
Il est grand temps que les dirigeants européens retrouvent le sens de leur mission: travailler au bien commun. Sans cela, ce sont bien nos valeurs qui sont foulées au pied… mais pas par ceux qu’on croit!
Jean-Jacques DURRÉ