Notre pays compte-t-il encore dans sa classe politique des femmes et des hommes d’Etat? La question est volontairement rude, j’en conviens. Mais elle me paraît aussi de plus en plus s’imposer après le renoncement annoncé des deux pré-formateurs désignés par notre souverain. Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux petits jeux politiciens, aux ukases, aux exclusives… Certes, chaque formation politique a ses idées et son programme et c’est sur ces bases qu’elles se sont présentées aux électrices et électeurs. Vu les divergences, souvent importantes dans les priorités de chacun des partis, il est parfois difficile de concilier… l’inconciliable.
Avoir le sens de l’Etat, c’est vouloir servir le bien commun. Et dans ce cadre, il y a urgence. La crise sanitaire perdure et ses conséquences vont être énormes, tant sur le plan social qu’économique. Il faudra sans doute plusieurs années pour s’en remettre. Il est indéniable que les rangs du chômage vont gonfler et que le nombre de faillites atteindra des chiffres effrayants. Avec pour conséquence, une augmentation de la précarité et de la fracture sociale, déjà existante depuis des années.
Il y a quelques mois, au milieu de la période de confinement, plusieurs responsables politiques ont parlé de « remettre l’humain au centre », reprenant ainsi les paroles du pape François qui martèle cette phrase depuis le début de son pontificat. Hélas, cette belle intention semble bien loin.
Il y a un moment où la situation nécessite de dépasser les idées préconçues, les ukases, les priorités électorales, pour se rassembler et retrousser ses manches afin de relever les défis qui se posent. Des défis qui sont colossaux: des secteurs entiers de l’économie sont en danger, la situation sanitaire n’est pas encore totalement sous contrôle, la grogne s’installe dans la population comme le démontre les manifestations contre le port du masque…
Nous n’avons que faire d’une nouvelle réforme des institutions (sauf si c’est pour refédéraliser certaines compétences: neuf ministres de la Santé n’ont pas permis d’être plus efficace face au Covid-19).
Appel est donc lancé aux élus pour que le bien commun prime et que l’humain soit la préoccupation. Sans cela, le terreau est idéal pour une nouvelle avancée des partis extrémistes. Nos élus porteront une lourde responsabilité si les tergiversations se poursuivent et si nous devions aller revoter. C’est notre système démocratique qui est en danger!
Jean-Jacques DURRÉ
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