Racisme : citoyen et humain avant tout!


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Racisme : citoyen et humain avant tout!
Tous citoyens américains, avant tout!
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
4 min

Il y a encore du chemin pour l'égalité entre les citoyens, américains ou du monde. Mais aussi dans la lutte contre le racisme!

Trouverai-je le mot juste pour décrire la déconvenue, la peine, le désarroi qui m’ont saisi à l’annonce du meurtre de George Floyd, perpétré récemment au Minnesota (Etats-Unis d’Amérique) par un agent de la Sécurité? Comment est-il possible qu’au XXIe siècle, un membre des Forces de l’Ordre d’une telle nation se convainque pertinemment, impunément d’étrangler sur la rue un citoyen qui n’avait pour seul tort sinon sa qualité d’exister?

L’émotion m’a gagné quand j’ai vu son fils apparaître à l’écran, adulte magnifique, noble et maître de lui, avouant son amertume, son abattement. Quand j’ai vu, sitôt après, ces foules bigarrées de gens manifester leur colère. Quand, ci et là dans le monde, les humains prennent sans attendre fait et cause pour le respect des Droits de l’Homme.

Il m’est venu, sur le champ, de penser à Rosa Parks qui refusa, avec une grande dignité, de laisser sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery (Atlanta), le 1er décembre 1955. C’est Martin Luther King junior qui la défendit au procès qui suivit. On connaît les développements… jusqu’à l’assassinat de ce dernier, à Memphis (Tennessee), le 4 avril 1968.

Près de 65 ans après cet événement, les injures et l’injustice infligées aux Noirs n’ont pas encore cessé. On s’accommode même de préciser que tel individu est un Afro-Américain comme s’il était nécessaire de le stipuler. Craindrait-on d’entacher la condition privilégiée des Américains de race blanche. A cet égard, que ne précise-t-on que celui-ci est un descendant d’un immigré européen? Qu’on pourrait - de façon équivalente - nommer Euro-Américain? Bref, il devrait suffire que George Floyd soit citoyen des Etats-Unis d’Amérique pour être reconnu bel et bien Américain, sans autre commentaire. Sinon, celui de son affreux autant qu’insupportable martyre.

D’ailleurs, les Noirs aux Etats-Unis n’ont-ils pas payé un assez lourd tribut depuis la traite et l’esclavage de leurs ancêtres déportés cavalièrement d’Afrique centrale et occidentale? Néanmoins, ne se souvient-on pas de George Washington, son homonyme, Père fondateur de l’Etat fédéral et premier Président des Etats-Unis d’Amérique qui résolut finalement d’abolir l’esclavage? Qu’en est-il concrètement aujourd’hui?

Sans doute, tout homme en ce monde, au premier instant d’une nouvelle rencontre, se surprend à craindre le moindre déplaisir. Plus l’interlocuteur lui paraît étranger, plus il appréhende l’avenir. Au lieu de miser sur l’empathie naturelle qui atténue l’inquiétude, certains choisissent l’agression, la confrontation même dont ils veulent sortir vainqueurs, sinon possesseurs en quelque sorte.

D’autres - si, il y en a! -, préféreront la non-violence qui les gardera libres, bienveillants, souples, prêts à la reconnaissance et à une estime mutuelle de bon aloi. Dès lors, tout ce qui, au premier abord, semblerait en imposer, intimider, apeurer, induire quelque jalousie, peut, s’ils le veulent franchement, détendre, épanouir, fédérer, associer.

Si leur mémoire retient quelque méfait encouru, il en est qui optent pour une approche nouvelle, davantage positive où leur conscience bonifie et répare, au besoin, convertit les fantasmes.

En fait de souvenirs qui m’ont façonné le coeur - j’en bénis le ciel! -, j’en relève un qui persiste dans ma conscience. Il aura été pour moi déterminant, exemplaire en toute circonstance. Le Débarquement "Neptune" avait eu lieu en Normandie, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Le temps de remonter jusqu’en Belgique, et les GI’s demandaient l’hospitalité à la Ferme de la Fontaine, à Thisnes-en-Hesbaye.

Bienvenus, qu’est-ce qu’ils étaient sympas! J’avais environ six ans. Avec mon regard d’enfant, je ne regardais pas tant la couleur que l’expression de leur visage, surplombant à chaque cou de robustes et vigoureux gaillards. J’y remarquais de la bonhomie dans l’allure. Ils avaient au blanc de leurs yeux, de leurs dents, une franchise et la communion immédiates. Des rires éblouissants!

Je les avais trouvés si humains, enfin pris pour de lointains cousins, allons, disons, un brin sous-germains. Et, le comble, ils nous offraient magnanimes des barres de chocolat. Il était noir de noir, fondant dans les dents. Oh! Quel plaisir à savourer!

Comprenez comme il avait raison mon Maître de dire à ses disciples: "Oui! Je vous le déclare, si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux." (Mt 18,3)

Comprenez quels furent ma déconvenue, ma peine et mon désarroi quand Derek Chauvin, policier des Forces de l’Ordre, étouffa, du genou, George Floyd et nous empêcha, encore une fois, d’instaurer un Royaume de la Paix, de la Concorde, nous laissant vivre consternés dans un monde de plus en plus irrespirable.

Frère Luc Moës, moine de Maredsous

Le titre, la photo et la légende photo ont été choisis par la rédaction


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