Nos autorités ecclésiales travaillent à l’élaboration de mesures permettant la reprise, on l’espère à court terme, des célébrations eucharistiques. Il faut toutefois s’attendre à une "ambiance" particulière, en raison des règles strictes qui encadreront ces messes. On peut le comprendre: il faut savoir qu’en Allemagne, une quarantaine de fidèles a de nouveau contracté le Covid-19 après avoir participé à un office religieux célébré dans une église protestante de Francfort, le 10 mai dernier, quelques jours après la réouverture des lieux de culte outre-Rhin. Le virus n’a donc hélas pas dit son dernier mot.
Malgré cette probable ambiance "surréaliste", il y aura la joie de se retrouver en communauté. Pas avec toute la communauté hélas, car il faudra sans doute faire des choix. De plus, il ne sera pas possible de s’approcher les uns des autres, ni de se saluer ni de s’échanger la paix du Seigneur. Il faudra garder nos distances.
Dans cette crise du Covid-19, c’est sans doute ce qui nous a le plus marqués: la restriction de nos liens. Ne pas pouvoir embrasser les membres âgés de nos familles, voire ceux qui ne vivent pas sous notre toit, ne pas pouvoir serrer dans nos bras ceux qu’on aime, ne pas avoir la capacité de consoler ceux qui sont dans la tristesse…
En fait, plusieurs de nos sens ont été "cadenassés". D’abord le "toucher" puisque le virus nous a empêchés tout contact physique, ensuite l’odorat car corrompu par le port du masque. Heureusement que pour s’exprimer, la vue a été épargnée. Il y a tant de choses dans un regard…
Comme l’a écrit un aumônier de prison (dont vous pouvez lire le témoignage émouvant sur le site Cathobel), ce qu’on a appelé les "gestes barrières" ont particulièrement affecté les personnes différentes, fragiles ou marginalisées, car ils accroissent le sentiment de rejet. Pour celles-ci, ces gestes peuvent donner l’impression d’être encore plus rejetées. "Depuis le début du confinement, le renoncement le plus difficile est sans doute la mal nommée ‘distanciation sociale’ qui empêche toute poignée de main, toute embrassade", écrit cet aumônier.
De fait, la vraie joie sera de pouvoir de nouveau s’embrasser, tendre la main, essuyer une larme, donner une accolade. Alors, oui, la vie reprendra, plus forte des réflexions que nous aura prodigué ce fichu virus.
Jean-Jacques DURRÉ
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