Deux hommes attendent à l'église du Sacré-Cœur (Heilig Hart van Jezus) de la Lange Beeldekensstraat à Anvers, où un refuge pour sans-abri a été ouvert. Les volontaires ouvrent la porte, et d'ici peu vingt personnes entreront. Ils se réconfortent avec un café et des gâteaux, et ils utilisent les toilettes avec gratitude. "Quand les bibliothèques et les cafés sont fermés, où peut-on aller se laver les mains?" rit l'un d'entre eux.
"Lorsque les mesures pour endiguer le coronavirus ont été annoncées, la question s'est posé de savoir comment poursuivre l'accueil des sans-abri", explique Saskia Van den Kieboom, animatrice pastorale à la paroisse du Sacré-Cœur. "Depuis 2002, 't Vlot (projet chrétien d'accompagnement de personnes sans-abri, Ndlr.) organise, ici, l’accueil et une pastorale de la rue pour les sans-abri. Nous accueillons des toxicomanes, mais aussi des personnes sans domicile fixe. La plupart de nos bénévoles, qui les reçoivent, sont des personnes âgées et, en raison du risque d'infection, elles ont été les premières à interrompre leur travail. D'où l'idée d'ouvrir l'église, mais était-ce autorisé? Le conseil communal et le diocèse nous ont donné le feu vert, à condition de respecter toutes les mesures de prévention. Notre évêque, Mgr Johan Bonny, a apporté des gâteaux lui-même. Le pain d'épice et le café sont aussi un cadeau, à la suite de l'annulation de la journée pour les confirmands."
Saskia Van den Kieboom est consciente de ce qu'un accueil chaleureux ne représente qu'un petit geste. "Les connaissances et l'expérience sont essentielles pour accompagner ce groupe de personnes", souligne-t-elle. "Nous sommes reconnaissants de pouvoir être accueillants à l'égard d'un groupe de personnes qui ont des difficultés supplémentaires dans cette situation d'urgence."
"La solidarité chrétienne veut dire que nous faisons ce que nous pouvons", explique la pasteure protestante de la ville, Petra Schipper, qui coopère également à ce projet. "La société tout entière est touchée, mais les personnes les plus vulnérables sont celles qui rencontrent le plus de difficultés. Jésus nous enseigne à rester proches des gens et à être attentifs aux gens dans le besoin. Ici, diverses organisations unissent leurs forces comme un exemple tangible de cet appel."
Néanmoins, la situation est désastreuse, ajoute-t-elle. Les sans-abri ne peuvent pas "rester dans leurs 'kots', puisqu'ils n'ont pas de logement fixe. Ils ne sont pas non plus autorisés à s'asseoir n'importe où, mais ils peuvent être dans cette église. Les services sociaux sont fermés et une grande partie du travail social est interrompu, comme le soutien à la recherche d'un endroit pour vivre ou une orientation pour travailler. Ici, les visiteurs obtiennent également des informations de base sur ce qui est actuellement ouvert."
"Je pense que ce genre d'accueil est possible dans un bâtiment d'église", explique la pasteure. "Je suis heureuse que les autorités sont d’accord. Nos visiteurs allument une bougie. Ils sont extrêmement respectueux, tant pour le bâtiment que pour nous. C'est magnifique, non?"
Source: Kerk & Leven