La famille est paisiblement installée dans le salon. Les parents passent un moment au jardin. Leur fille adolescente se retrouve seule avec ses grands-parents. Et voilà que surgit de nulle part la question: « Vous priez aussi, vous? »
Oser répondre, vouloir dialoguer
Pourquoi cette question? Pourquoi à ce moment-là? Pourquoi a-t-elle attendu qu’elle soit seule avec les grands-
parents? A-t-elle déjà posé cette question à d’autres personnes? A ses parents? A d’autres adultes? A des ami(e)s?
Toutes ces questions traversent l’esprit des grands-parents. La jeune fille aimerait peut-être qu’on les lui pose… Ou au contraire, pas du tout… Allez savoir!
Le procédé qui consiste à répondre à une question par une autre question, à interroger celle ou celui qui vous interpelle, ne sembla pas indiqué ici à ces grands-parents comme seule réponse. La question leur semble vraie, importante, peut-être capitale à ce moment pour le cheminement spirituel de l’adolescente. Leurs questions viendront éventuellement plus tard. Il faut oser répondre en toute vérité et à l’instant.
Le couple répond donc. La grand-mère à sa manière, le grand-père à la sienne. La fille découvre que ses deux grands parents prient parfois ensemble, surtout au cours des célébrations. Elle s’aperçoit que chacun de ses aïeuls a également une vie de prière personnelle, à son rythme, à sa manière, avec ses mots. Les réponses sont simples et brèves.
C’est seulement à ce moment-là que le dialogue se développe et qu’elle est elle-même interrogée, non pas tout de suite de manière intrusive: « Et toi tu pries aussi? », mais plus délicatement: « C’est chouette que tu nous poses cette question… Cela t’intéresse? Tu en as parlé avec d’autres? A ton cours de religion, peut-être? »
Progression lente
Le dialogue progresse. D’autres questions sont échangées. Ce sont évidemment ses questions à elle qui sont primordiales. Elle se livre aussi, autant qu’elle le désire, c’est-à-dire peu à certains moments, plus à d’autres. Les grands-parents apprennent ainsi que la prière, pas plus que les questions de foi ne sont jamais abordées au cours de religion, dans sa classe, en secondaire. Par contre, de manière inattendue pour beaucoup de personnes, les jeunes en parlent parfois entre eux. Parle-t-elle de la prière avec ses parents, avec l’un d’eux? Les grands-parents disent seulement aux parents qu’elle a posé la question. Sera-ce l’amorce d’un nouveau dialogue? Cela leur appartient. Le sujet, en tous les cas, pour cette fille-là, n’est pas tabou. Elle confie à ses grands-parents que parfois elle prie aussi. En célébration, elle a souvent vu et entendu des membres de sa famille prier. Certains d’entre eux sont engagés liturgiquement au sein de leur communauté chrétienne.
Vont-ils reparler ensemble de la prière? Auront-ils d’autres occasions de prier ensemble?
Le chemin est personnalisé. La progression est lente souvent… ou parfois fulgurante.
C’est comme ça, la vie spirituelle des familles aujourd’hui. Chacun(e) doit essayer de trouver la juste manière de dialoguer, de témoigner, de répondre aux questions des enfants et des jeunes, toujours en vérité et en toute simplicité.
Luc Aerens