Selon certaines informations, une réunion discrète – pour ne pas dire secrète – se serait tenue au Portugal entre plusieurs prélats et clercs, autour de l’encyclique Laudato si’ du pape François. Elle aurait été analysée pour en conclure que ce texte était « économiquement incorrect ». L’initiative de cette réunion revient à l’Institut Acton, un groupe de réflexion dont la mission est de promouvoir une société libre et vertueuse caractérisée par la liberté individuelle et soutenue par des principes religieux. Ne tergiversons pas: Acton Institute est originaire des Etats-Unis et soutenu par des défenseurs acharnés du libéralisme économique le plus débridé. Il est donc évident que les prises de position du pape François s’opposent de manière frontale aux thèses de ce groupe de réflexion.
François dérange, c’est un fait que nul ne contestera. Le successeur de l’apôtre Pierre s’est attaqué à bien des dossiers sensibles, donnant – si vous permettez cette expression un peu triviale – un grand coup de pied dans la, ou plutôt les fourmilières. De la réforme de la Curie à son discours sur l’accueil des immigrés, en passant par la crise des vocations et la réflexion sur divers sujets sensibles, les propos du souverain pontife sont loin d’être « politiquement corrects ».
Tant mieux! Le monde change vite, trop vite sans doute, et c’est une évidence qu’on ne peut éluder. Fini les « on a toujours fait comme ça, pourquoi changer? »: aujourd’hui, nous devons être en phase avec une société mouvante. Ce qui ne veut pas dire que nous devons en accepter toutes les facettes.
Le rôle de l’Eglise est de garder des balises destinées à orienter notre monde en proie à bien des désordres voire dérives potentielles et réelles.
Le pape François l’a bien compris, tout en poursuivant sa réflexion sur les changements qui doivent inéluctablement survenir au sein même de l’Eglise. Ce n’est pas une tâche aisée. On en veut pour preuve que l’exhortation post-synodale sur le synode de l’Amazonie tarde à venir. On le sait, le synode s’est penché sur la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés. Récemment, on a vu l’opposition que cela entraîne, avec pour conséquence dommageable que les vrais enjeux du synode sont passés au second plan.
Le pape a pour mission de privilégier le bien commun au détriment de l’individualisme. Cela devrait nous animer tous, même si cela bouscule nos avantages et privilèges.
Jean-Jacques DURRÉ