Au fil des ans et des élections dans divers pays de l’Union européenne, on a assisté à une montée du populisme et des partis extrêmes, qui basent leur stratégie politique sur l’inquiétude. Loin de s’attaquer aux causes des peurs qui peuvent être ressenties – à juste titre ou non – par une partie de la population, ces formations les cultivent pour agrandir leur influence électorale. Ainsi, aurait-on osé imaginer il y a seulement vingt ans, qu’en Allemagne, pays meurtri par le nazisme qui a constitué l’épisode le plus criminel que l’histoire politique du XXe siècle, un parti ouvertement nostalgique de cette période devienne la troisième force politique du pays? En France, en Autriche, aux Pays-Bas, en Italie, en Finlande, en Bulgarie et même en Belgique, la progression est claire.
Elle interpelle à plus d’un titre. D’abord parce que les partis politiques dits traditionnels ne parviennent pas à enrayer ce phénomène. Peut-être en raison d’une réelle usure du pouvoir, parsemée par des promesses non tenues, des explications mal exprimées, des scandales… A force de "servir les mêmes plats", de proposer les "mêmes recettes", le consommateur se lasse.
De nombreux historiens estiment que, même si l’extrême droite est présente sur le Vieux continent depuis longtemps – en Autriche, le FPO est représenté au Parlement depuis 1956 –, le tournant est intervenu en 2001, après les attentats du World Trade Centre à New York. Depuis le funeste 11 septembre de cette année-là, les partis extrêmes gagnent du terrain à chaque scrutin en Europe. Bref, personne n’a vu le danger approcher, d’autant que l’extrême droite actuelle est policée et représentée par une jeune génération. Rappelons ces paroles de feu l’abbé Pierre, dans Mémoires d’un croyant: "Aujourd’hui avec la montée préoccupante de l’extrême-droite et des racismes, j’ai le sentiment que nous sommes déjà en guerre".
Mais le vent pourrait bien tourner. Une prise de conscience bienvenue vient de naître dans la Péninsule italienne où aux dernières élections européennes la Ligue du Nord, dont le programme est ouvertement raciste, a représenté près de 52% des votes exprimés! Le mouvement citoyen des "sardines", né il y a moins d’un mois, envahit les places des principales villes du pays pour clamer que les valeurs de racisme, de rejet et de peur ne sont pas celles des citoyens. Un sursaut populaire qui ravit. Puisse-t-il contaminer le reste de l’Union européenne.
Jean-Jacques DURRE
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