Le sommet pour la protection des mineurs qui s’est déroulé au Vatican du 21 au 24 février est une initiative inédite. Preuve s’il en est de la prise de conscience des autorités de l’Eglise universelle à propos des abus sexuels commis en son sein, par des clercs. C’est en effet le C9 (le conseil des cardinaux chargés d’épauler le pape François dans la réforme de la Curie) qui a eu l’idée d’organiser cette rencontre.
Une initiative attendue et essentielle, tant le problème est de taille. Le nombre de scandales à travers le monde, impliquant des prêtres et religieux dans des affaires de pédophilie et d’abus sur mineurs, n’a pas de qualificatif. Mais si l’ampleur des affaires a justifié l’organisation d’un tel sommet, il faut souligner qu’un seul cas est déjà une tragédie.
Au cours de ces trois jours, la place a été donnée aux victimes, dont on ne dira jamais assez combien leur souffrance doit être insupportable. Pourtant, certaines associations, relayées par une partie de la presse généraliste, ont estimé que le discours final prononcé par le pape, était décevant. Bien évidemment, on peut les comprendre, mais il faut rappeler que si le long discours papal ne contenait, en effet, aucune annonce majeure, le pape François avait préalablement mis en garde contre toutes attentes « surdimensionnées ». Ce n’est pas que le souverain pontife et les présidents des conférences épiscopales veulent s’en tenir aux formules creuses, mais ce n’est pas en quatre jours que l’on peut trouver des solutions pour éradiquer ce fléau. En revanche, ceux-ci ont permis de prendre conscience de la gravité de la crise que l’Eglise traverse afin d’engager les moyens indispensables à la lutte contre les abus sexuels.
A cet égard, le discours papal, s’il ne contient pas de mesures concrètes – encore que le Vatican s’est mis au travail dès ce lundi 25 février – décrit l’Eglise telle qu’elle ne peut plus être aujourd’hui. Depuis plusieurs années, François est déterminé à lutter contre les abus sexuels et la convocation du sommet pour la protection des mineurs est un signe de sa volonté de transformer les esprits et de ne plus fermer les yeux ou de rejeter la faute sur la victime. Des attitudes hélas fréquentes dans le passé qui, pour le pape, sont enracinées dans le mal: il a d’ailleurs cité Satan à l’œuvre dans et en dehors de l’Eglise.
La rencontre de Rome marque assurément un tournant essentiel. Ce sommet est bien celui du courage parce que l’Eglise a reconnu qu’elle s’était fourvoyée dans le traitement des cas d’abus, en n’étant pas ou peu aux côtés des victimes. Une Eglise qui assume donc ses fautes et ses péchés! Après cette rencontre, les évêques sont à coup sûr mieux informés et armés pour que « la tolérance zéro » se mue en actes concrets. C’est la prière que chaque fidèle adresse à notre Seigneur.
Jean-Jacques DURRÉ
Vos réactions sur edito@cathobel.be