Décidément, il semblerait que cette fin d’année soit dédiée à Jésus et à la Bible à en croire le nombre de couvertures de revues et magazines qui leur sont consacrés. Le Vif a décidé de sortir un hors-série regroupant des articles inédits et parus dans le courant de l’année sur le personnage de Jésus tandis que le National Geographic livre une excellente enquête – superbement illustrée – sur les chasseurs de Bible en Orient.
Disponible depuis le 14 décembre en librairie, le hors-série du Le Vif annonce vouloir (tenter de) répondre à la question suivante : qui était vraiment l’homme de Nazareth? Pour Olivier Rogeau, auteur de l’ensemble des articles collationnés dans ce numéro de fin d’année, l’envie était de comprendre et de sonder le « phénomène Jésus ». En effet, Le Vif/L’Express a consacré ces dernières années plusieurs dossiers aux recherches historiques autour du personnage de Jésus. Et force est de constater que ces numéros spéciaux « Jésus » figurent en tête des ventes annuelles de l’hebdomadaire. Ainsi, la figure du Nazaréen suscite toujours (et peut-être encore plus) l’intérêt du public, y compris dans les milieux agnostiques et athées. Olivier Rogeau affirme à juste titre que les évangiles ne sont ni des reportages, ni des documents d’histoire et que la communauté scientifique n’établira jamais rien sur l’identité divine de Jésus. Cela n’empêche aucunement de s’y intéresser et de vouloir percer une partie du mystère entourant celui que beaucoup considèrent comme le Messie.
Jésus, ses disciples, les femmes et les suivants
Ce numéro de décembre consacré à Jésus comporte quatre chapitres. Une première partie se penche sur quelques idées reçues, comme le lieu et la date de naissance de Jésus, les origines et les activités de Jésus, mais aussi les autres acteurs de son histoire, sa famille, Hérode, … Un deuxième chapitre (le plus long) aborde la question très actuelle de « Jésus et les femmes ». Olivier Rogeau s’y interroge entre autres sur le premier cercle de femmes entourant Jésus, la personnalité de Marie Madeleine, ou encore de Salomé, et l’étrange célibat du Rabbi Jésus. Le troisième chapitre enquête sur la première communauté chrétienne après la mort et la résurrection de Jésus avec un focus sur la personnalité de « Jacques le Juste, frère et successeur de Jésus » (rencontre avec l’auteur du livre, l’historien Simon Claude Mimouni). Mais aussi un arrêt sur l’action de Paul, le disciple voyageur, prophète de l’ouverture. Enfin, le dernier chapitre est un reportage en Galilée et à Jérusalem qui nous emmène sur les pas de Jésus, de Nazareth à Capharnaüm, au lac de Tibériade, en passant bien sur par Jérusalem.
A la recherche du trésor enfoui
Le NationalGeographic a quant à lui décidé de s’intéresser aux « chasseurs de Bible », qu’ils soient aventuriers ou riches entrepreneurs, tous mus par une même quête: celle de retrouver des manuscrits autographes des évangiles c’est-à-dire rédigés de la main d’un apôtre. Pour cela, les uns sont prêts à retourner plusieurs fois chaque grain de poussière des grottes de Qumran et les autres à dépenser des millions de dollars pour un centimètre carré de papyrus ancien. En plus des superbes illustrations, le dossier comporte de très belles infographies, claires et dynamiques, pour expliquer ce que contient la Bible, l’histoire des innombrables copies, traductions et supports de celle-ci. Le National Geographic nous plonge dans l’histoire des premiers chasseurs de Bible qui, au 19e siècle, ont mis au jour les Codex Sinaiticus (4e siècle après J-C) et Codex Sinaiticus Syriacus (5e siècle après J-C) et nous dévoile les péripéties qu’ont connu ces manuscrits. Près de 5500 manuscrits et fragments en grec du Nouveau Testament ont ainsi été retrouvés. Mais la plupart d’entre eux attendent encore d’être étudiés. Les chercheurs travaillent actuellement sur un logiciel de reconnaissance de caractères (ROC) pour numériser tous ces volumes et pouvoir enfin les comparer. Et les rendre accessibles aux scientifiques grâce à Internet. Ce dossier nous apprend également que des Bibles ont accompagné la mission Apollo 14 en 1971 et que le Musée de la Bible inauguré à Washington fin 2017 a couté 500 millions de dollars, il nous fait également prendre conscience du sombre trafic d’antiquités qui touche également les papyri anciens. Une remarquable enquête conduite par Rober Draper et illustrée par Paolo Verzone.
Sophie Delhalle