Panem et circenses


Partager
Panem et circenses
Par Didier Croonenberghs
Publié le - Modifié le
2 min

Dimanche dernier, la Belgique a remporté la coupe du monde de hockey, dans une certaine indifférence médiatique. La finale n’était même pas retransmise à la télévision. C’est la première fois que notre pays décroche un titre mondial pour un sport d’équipe. Alors, pourquoi un tel désintérêt? Est-ce parce que le marketing autour des Red Lions n’est pas aussi juteux que celui du lion orange, emblème d’un sponsor des diables rouges? En cette fin d’année, Google vient d’ailleurs de publier les statistiques de l’utilisation par les Belges de son moteur de recherche. Ces données sont le miroir - certes déformant - de ce qui a intéressé la population cette année-ci. Le résultat, à prendre avec recul, est assez interpellant. En 2018, la palme d’or revient… à la "coupe du monde 2018", qui se hisse en tête des recherches sur Google.be! Parmi les dix termes les plus recherchés, quatre concernent le sport. L’être humain du XXIe siècle ne serait plus un homo sapiens ou un homo faber… C’est un homo ludens, selon l’expression d’Huizinga! Un être qui trouverait sa socialisation - non dans la pensée ou le travail - mais dans le jeu et le divertissement. Le jeu implique de la compétition, de la technique, ainsi qu’une vision binaire du réel, avec des vainqueurs et des vaincus. L’être humain serait donc un ‘homme jouant’? Avec le feu? Avec sa vie? Avec l’avenir? Est-ce pour cela que les questions complexes sont de plus en plus réduites à un simple pour ou contre? Panem et circenses nous dit l’expression latine. Du pain et des jeux! Cet adage nous rappelle l’écart entre les besoins individuels - se nourrir et se divertir - et les enjeux collectifs à plus long terme, souvent étouffés par les gouvernants. Si au mondial de hockey, nous nous sommes hissés sur les sommets, ce n’est certainement pas au sommet mondial sur le climat que la Belgique a montré de hautes ambitions! Lorsque l’homo politicus se comporte comme dans un jeu, il en oublie les vrais enjeux. Faut-il être résigné? Sachons croire, comme Marie et Elisabeth, à l’accomplissement d’une promesse d’avenir qui ne déçoit pas!

Didier CROONENBERGHS, op
Vos réactions sur edito@wp-dev-cathobel.elipsys.be

Catégorie : En dialogue

Dans la même catégorie