L’évangile de ce dimanche nous présente la figure de Jean-Baptiste, la voix qui crie dans le désert. Qu’ils soient vêtus de poils de chameau ou de gilets plus colorés, il y a tant de personnes qui, comme lui, tentent de faire entendre leurs voix, sans toujours y parvenir. Notre société peine à se mettre activement à l’écoute de ceux qui crient. Mais savons-nous réellement écouter? L’éparpillement des revendications multiples est symptomatique de l’affaissement de nos structures. Cependant, il y a des cris qui doivent s’exprimer, des émotions qui doivent sortir. Sans justifier la violence ou les insultes, une colère doit pouvoir se dire. Il y a 500 ans, un frère dominicain, Antonio de Montesinos, proclamait à Saint Domingue l’évangile de ce dimanche et dénonçait l’esclavage des Indiens d’Amérique. Son sermon commençait comme ceci: « La voix qui crie dans le désert de cette île, c’est moi qui vous l’apporte. » Cette prédication a réveillé les consciences de bien des personnes, dont Las Casas, célèbre pour avoir défendu les droits des Indigènes en Amérique. Las Casas a su transformer son opposition, son indignation en engagement positif auprès des exclus, pour libérer les captifs de l’esclavage. Et avec la conquête violente de l’Amérique, c’est paradoxalement que les premières ébauches d’un droit international et d’une communauté mondiale ont été esquissées… Ce 10 décembre, nous fêterons les 70 ans de la déclaration des droits de l’homme. Quel chemin parcouru! Mais où sont les devoirs du citoyen? Dans la déclaration de 1948, ce n’est que dans l’avant-dernier article que le mot devoir apparaît timidement… La marche collective de ce dimanche nous rappelle que dans l’éparpillement de nos légitimes revendications, il y a aussi des devoirs, que nous devons de toute urgence porter collectivement. Jean-Baptiste ne prêche pas des idéaux humanistes et universels qui n’engagent pas. Il prêche la conversion. Sommes-nous honnêtement prêts à transformer nos combats en devoirs et en des mesures qui nous coûtent? A chacun de se convertir, là où il est, en acte et en conscience. Davantage qu’un changement de discours, c’est un changement des mentalités qu’il nous faut. Transformer Publifin en Enodia ne modifiera rien. Ce sont les cœurs qui doivent se convertir.
Didier CROONENBERGHS
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