Ce dimanche, nous commémorons le centenaire de l’armistice, signé au petit matin du 11 novembre 1918 dans la clairière de Rethondes… Cette date ne marque hélas pas tout à fait la fin du premier conflit mondial. Si les armes se sont tues sur le front ouest, l’écroulement des grandes puissances amènera d’autres conflits. Le traité de Versailles, avec ses lourdes sanctions économiques pour les vaincus, ne sera signé qu’en 1919 et ses conséquences resteront tristement célèbres. Bien des historiens ont comparé les conditions qui ont fait naître la Grande Guerre avec la situation de notre monde en ce début de XXIe siècle: exacerbation des nationalismes, révolution industrielle ou technologique, processus de mondialisation… Serions-nous dans une « Belle époque » un peu similaire, ne regardant pas assez lucidement l’avenir et ses enjeux, que ce soit sur le plan climatique, économique ou démographique? L’Histoire n’a pas pour but de prédire l’avenir. Elle doit néanmoins nous questionner sans cesse pour penser notre présent. Aujourd’hui, n’y a-t-il pas des vainqueurs et des vaincus dans notre « société des nations »? N’y a-t-il pas des personnes humiliées par les conditions de notre système économique mondial, que nous sommes bien incapables de réguler? Tant qu’on ne combattra pas l’inadéquation entre la recherche effrénée de croissance et la limitation des ressources naturelles, d’inévitables conflits ne surgiront-ils pas encore? « L’histoire ne se répète pas, elle rime », écrivait Mark Twain. A nous tous d’éviter ce pessimisme et d’œuvrer à davantage qu’une absence de conflit: une paix réelle, qui ne fasse pas payer les seuls perdants de notre société. Pour changer le monde face aux défis mondiaux, il faut que les vainqueurs d’aujourd’hui mettent davantage que leur superflu! La voie ne nous est-elle pas tracée par l’épisode de la veuve de l’évangile: prendre de notre indigence? Aujourd’hui, l’absence de conflit peut être intéressée, motivée par des raisons économiques. La paix réelle, par contre, a un coût. Elle demande toute notre vie.
Didier CROONENBERGHS, o.p.
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