Depuis plusieurs jours, des centaines de vols ont été annulés à l’aéroport de Bruxelles. L’origine de ce blocage est bien connue: une grève subite déclenchée par le personnel d’un des deux opérateurs de bagage. Les syndicats réclament notamment une prime pour non-grève « s’il n’y a pas de grève dans les prochains mois »! Aujourd’hui, face à la multiplicité des revendications en tout genre – tantôt légitimes, tantôt égoïstes – il serait bien que chacun se pose pour lui-même la question de sa hiérarchie de valeurs.
« Quel est le plus grand des commandements? » demande le scribe dans l’évangile de ce dimanche. Il y a bien une hiérarchie dans les droits, les devoirs, les buts à atteindre! Quelle est la personne à qui nous devons accorder en priorité notre soin? Quel est dans notre société le plus faible et le plus fragile? Quelle est la finalité qui doit retenir notre option préférentielle? Il est évident que des travailleurs qui partent en grève contre des conditions pénibles ne le font pas de gaieté de cœur. Qui serait contre le bien-être au travail? Cependant, s’il y a un droit d’exprimer certaines légitimes revendications, il faut aussi refuser les modes d’expression qui paralysent tout dialogue. Si le droit de grève existe, encore faut-il s’entendre sur ce qui relève du droit de la grève, la manière d’exprimer une revendication, indépendamment de sa légitimité sur le fond. C’est là que le bât blesse: le premier commandement n’est-il pas celui de l’écoute? A l’heure où nous bouclons ce journal, aucune issue ne se dessine dans ce conflit social et les négociations sont interrompues. Mais revenons à l’évangile de ce dimanche. Le scribe que Jésus écoute fait une remarque judicieuse. Sa demande est donc juste, ajustée, pertinente. Si le combat syndical est un noble engagement, encore faut-il que les revendications soient justes, ajustées, exprimées dans le respect de l’autre. Le terme syndicat vient étymologiquement du mot justice! Force est de constater que les motifs en l’espèce sont peu clairs et que la victime principale de cette situation n’est peut-être pas d’abord les voyageurs et les vacanciers. Elle est probablement le combat syndical lui-même qui, en exprimant ses revendications de la sorte, perd encore un peu de crédibilité aux yeux d’une partie de la population.
Didier CROONENBERGHS, o.p
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