C’est à Vienne qu’a été inaugurée une rétrospective du peintre flamand, trois mois avant le début de l’année qui lui sera dévolue. L’exposition « Bruegel » a été ouverte le 1er octobre en présence du roi Philippe et de la reine Mathilde, en visite officielle dans la capitale autrichienne.
Lors du déjeuner offert par le Dr. Alexander Van der Bellen, président fédéral de la République d’Autriche, dans le palais de la Hofburg, l’ancienne résidence impériale devenue le siège de la présidence fédérale, le roi Philippe est revenu sur les racines communes aux deux nations européennes : « Nous nous sommes influencés mutuellement dans les domaines artistique et culturel, littéraire et scientifique. Nos artistes et savants ont trouvé et trouvent encore de l’inspiration dans toute l’Europe. En dépit de tensions et de guerres, nous avons par le passé toujours retrouvé le chemin l’un vers l’autre. Vos propres ancêtres ont, après quelques détours, rejoint l’Autriche en provenance des Pays Bas. Evidemment qu’il y a des différences locales et des caractéristiques régionales auxquelles nous sommes attachés. Mais nous savons que les échanges et la coopération produisent toujours plus de richesses que l’exclusion et l’isolement. Aujourd’hui, l’Autriche assume la présidence de l’Union européenne. Il s’agit d’une grande responsabilité qu’en ces temps particulièrement difficiles la Belgique entend continuer à soutenir pleinement ».
Un peintre du passé, témoin actuel
Peintre oublié et éclipsé au XIXe siècle par Rubens, considéré comme le maître des peintres flamands, c’est grâce à des collectionneurs que les œuvres de Bruegel l’Ancien ont pu être conservées et ont traversé les siècles. Celui-ci témoigne de la vie ordinaire de son temps avec « les outils, les meubles, les paysages, etc. Ça appartient à notre identité et à notre histoire », se réjouit Hilde De Clercq, directrice générale de l’Institut royal du Patrimoine artistique, IRPA-KIK. « De telles pièces sont des œuvres majeures, c’est un honneur de travailler sur celles-ci, comme ce fut le cas avec l’Agneau mystique, l’autoportrait de Rubens ou, cette fois encore, le Dulle Griet de Bruegel l’Ancien. Par son approche multidisciplinaire, l’IRPA livre à la société plus qu’une œuvre restaurée. On retrace en quelque sorte la biographie de l’œuvre. »
Après s’être rendus au Rathaus, l’hôtel de ville de Vienne dont l’architecture n’est pas sans rappeler celui de Bruxelles, les souverains ont visité la bibliothèque nationale, avant d’admirer l’exposition consacrée au peintre Bruegel l’Ancien. Parmi les 40 peintures de la main du peintre, le Kunst Historisches Museum dispose de la plus grande collection, puisqu’il en possède 12. Particulièrement fragiles, certains tableaux sur panneaux de bois sont exposés pour la première fois au public lors de cette rétrospective. Parmi ces pièces remarquables se trouvent également réunies deux versions de la Tour de Babel, inspirées par l’épisode biblique. La plus grande des deux est conservée sur place, tandis que la seconde vient tout droit du musée Bojimans Van Beuningen à Rotterdam.
Inaugurée par les souverains belges, l’exposition monographique est accessible à Vienne jusqu’au 13 janvier 2019. La Belgique consacrera l’année 2019 à Bruegel, à l’occasion du 450e anniversaire de la mort de l’artiste. Le patrimoine artistique est l’objet de nombreuses attentions, dont celles du couple royal.
Angélique TASIAUX
envoyée spéciale